Andreas Faessler, Luzerner Zeitung/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden*
Le paysage ecclésiastique dense de la Suisse centrale catholique abrite de nombreux trésors qui méritent le détour. Des objets que notre société sécularisée a laissé de côté. La redécouverte par le public de ce patrimoine religieux et sa mise en valeur est l’objectif central de la «Verein Sakrallandschaft Innerschweiz» (Association pour le paysage sacré de Suisse centrale).
Chaque automne, l’association dédie un weekend à un thème lié à l’Eglise. Elle a déjà mis en avant l’architecture sacrée moderne, les trésors religieux ou encore les clochers. Cette année, ce sont les habits liturgiques qui sont à l’honneur.
Les 25 et 26 septembre seront consacrés à ces précieuses pièces de textiles, dont certaines sont encore utilisées dans des cérémonies religieuses. La Suisse centrale possède une richesse particulière dans ce domaine. «Cela s’explique notamment par le fait qu’il y existait autrefois de nombreux monastères où l’on fabriquait des habits liturgiques», souligne Urs-Beat Frei, du comité-directeur de la «Verein Sakrallandschaft Innerschweiz» et conservateur du trésor de la collégiale de Lucerne. Le couvent des Ursulines de Lucerne, ainsi que les couvents de Sarnen et de Stans étaient des centres de cet artisanat.
Beaucoup d’anciens vêtements démontrent un savoir-faire exceptionnel. Certaines broderies sont extrêmement complexes et minutieuses. Elles sont parfois appelées «peinture à l’aiguille». On sait que des religieuses se sont détruit la vue en y travaillant. Des documents du couvent de Mariahilf, à Lucerne, informent qu’une brodeuse est même devenue aveugle.
«Un aspect passionnant est que les mêmes tissus étaient autrefois utilisés pour les parures religieuses et les vêtements séculiers, tant au Moyen Age qu’à l’époque baroque», affirme l’expert. Des pièces qui n’étaient bien entendu accessibles qu’à la noblesse, au patriciat, ou à la grande bourgeoisie. La splendeur des vêtements démontrait un certain statut, dans la société et dans l’Eglise. Elle était par conséquent un symbole de pouvoir.
Dans le cadre des Journées, les habits liturgiques seront accessibles au public dans douze lieux de Suisse centrale. Ils remontent à différentes époques, du Moyen Age à nos jours. Certaines des pièces les plus anciennes et précieuses du point de vue historique sont visibles au couvent bénédictin de Saint-André, à Sarnen (OW). «On y conserve des pièces extraordinaires avec des motifs remarquables du Moyen Age, dont certains sont difficiles à interpréter», relève l’historien. Un artefact en particulier de la collection du monastère de Sarnen est la robe de l’enfant Jésus, une pièce de velours offerte par la reine Agnès de Hongrie à l’Abbaye d’Engelberg en 1364.
La collection privée de Wolfgang Rufin Buochs constitue un élément particulier du programme. Outre les vêtements liturgiques, elle comprend des costumes de cour qui reflètent les tendances de la mode de l’époque.
Au-delà des vêtements, des antependiums (élément décoratif, souvent en toile de lin, en brocart ou en cuir, destiné à orner le devant de l’autel) baroques uniques seront présentés, dans le bâtiment des archives de la ville de Lucerne. Ils proviennent de l’ancien couvent des Ursulines de Mariahilf.
«La production d’habits liturgiques est malheureusement un métier en voie de disparition», souligne Urs-Beat Frei. «En Suisse centrale, le couvent d’Eschenbach (LU) est le seul endroit où l’on fabrique encore aujourd’hui de tels vêtements.» Les personnes intéressées y auront l’occasion unique d’observer de leurs propres yeux ce travail si particulier. (cath.ch/christundwelt/af/rz)
Les 25 et 26 septembre 2021 dans douze lieux de Suisse centrale.
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Rédaction
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