À bord de l’avion papal, Arthur Herlin
I.MEDIA propose une restitution littérale des propos du pape François.
Merci, merci beaucoup. Au début, ce n’était pas clair. «Mais il vient seulement à la cérémonie mais nous, Hongrois, il ne nous rend pas visite». Certaines personnes ont pensé à mal.
Non, j’ai expliqué que la visite était prévue. Mais j’avais déjà la Slovaquie en tête. […] J’avais promis à votre président avec qui je me suis entretenu – c’était la troisième fois que je le rencontrais – ; j’avais alors promis […] l’année suivante de pouvoir venir. Parce que les valeurs des Hongrois sont tellement nombreuses.
J’ai été frappé par le sens de l’œcuménisme, par exemple, que vous avez, avec beaucoup de profondeur. Ça m’a beaucoup frappé.
L’Europe, doit, je le dis toujours, je le répète toujours, reprendre les rêves des grands, des Pères fondateurs de l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas une réunion pour faire des choses… Elle est très spirituelle. Il y a un esprit à la base de l’Union européenne, dont Schumann, Adenauer, de Gasperi ont rêvé. Ces grands. Il faut y retourner parce qu’il y a un danger que l’Union européenne ne soit seulement qu’un bureau de gestion. Et cela ne va pas. Il faut vraiment retourner à la mystique, chercher la racine de l’Europe et la faire avancer ; et je pense que tous les pays doivent aller de l’avant.
Il est vrai que certains intérêts – peut-être non européens – cherchent à utiliser l’Union européenne pour des colonisations idéologiques et cela ne va pas. L’Union européenne doit être indépendante et tous les pays au même niveau doivent être inspirés des rêves des grands fondateurs. C’est mon idée.
[…]C’est important, c’est un peu étrange parce que l’humanité a une histoire d’amitié avec les vaccins. Nous mêmes, enfants, quand nous avions la rougeole… quoi d’autre… la polio, tous les enfants étaient vaccinés et personne ne disait « non ».
Puis on en est arrivé là, et peut-être est-ce dû à la virulence, à l’incertitude non seulement de la pandémie, mais aussi à la diversité des vaccins et de la réputation de certains vaccins qui ne sont pas [considérés] fiables ; qui sont un peu plus que l’eau distillée… Cela a créé un peu de peur chez les gens ; et d’autres disent que c’est un danger parce qu’avec le vaccin il entre un virus à l’intérieur, et de nombreux autres arguments qui ont créé cette division.
Y compris dans le Collège cardinalice, il y a certains négationnistes. Et l’un d’eux, le pauvre, se remet du virus. C’est l’ironie de la vie !
Je ne sais pas comment bien l’expliquer, certains l’expliquent par la diversité des provenances des vaccins, qui ne sont pas suffisamment testés, qui ont peur. Mais il faut clarifier et parler avec sérénité. Au Vatican, tous vaccinés sauf un petit groupe pour lequel on est en train d’étudier la façon de les aider.
On m’a rendu visite, car le président est venu me voir, il a eu ce soin, cette gentillesse. Il est venu, c’est la troisième fois que je le rencontre, il est venu avec le premier ministre et le vice-ministre, ils étaient trois. Le président m’a parlé. Le premier sujet – qui a été abordé plus des trois quarts du temps – a été l’écologie. Vraiment chapeau à vous les Hongrois. La conscience écologique que vous avez est impressionnante. Il m’a expliqué comment ils purifient les rivières ; des choses que je ne savais pas, et c’était la chose principale….
Ensuite, j’ai demandé l’âge moyen parce que je m’inquiète de l’hiver démographique. En Italie, si je ne me trompe pas, l’âge moyen est de 47 ans. Et je pense que l’Espagne est encore pire. Tant de villages vides ou avec une dizaine de personnes âgées. C’est une préoccupation sérieuse. Comment la résoudre ?
Le président m’a expliqué, toujours le président, il m’a expliqué la loi qu’ils ont pour aider les jeunes couples à se marier et à avoir des enfants. C’est intéressant, c’est une loi… je ne sais pas si… elle ressemble assez à la française mais en plus développée. C’est pour cela que les Français ne connaissent pas le drame que nous avons l’Espagne et nous.
Ils m’ont expliqué cela et ont ajouté quelque chose de technique. Les deux ensemble, le vice ministre, le premier ministre, comment était cette loi. Et puis, de quoi ont-ils parlé ? D’immigration nous n’avons pas parlé.
Et puis nous sommes revenus sur l’écologie aussi ; et oui la famille, dans le sens de ce que j’avais demandé. Et cela se voit qu’il y a beaucoup de jeunes, beaucoup d’enfants, mais aussi en Slovaquie. Je suis resté frappé devant tant d’enfants et de couples jeunes. C’est une promesse et maintenant le défi est de chercher des emplois pour ne pas qu’ils partent à l’étranger ensuite. Parce que s’il n’y a pas de travail, ils iront à l’étranger chercher du travail. C’était les sujets abordés. Le président m’a tout le temps parlé et les deux ministres ont ajouté quelques données précises. L’ambiance était bonne. Cela a duré suffisamment, je crois 35-40 minutes.
L’avortement est plus qu’un problème. L’avortement est un homicide. L’avortement, sans demi-mots : qui fait un avortement tue. Prenez n’importe quel livre de biologie pour les étudiants en faculté de médecine. À la troisième semaine de conception, bien avant que la mère ne s’en rende compte, tous les organes sont déjà là, tous, également l’ADN. Ce n’est pas seulement une personne, c’est une vie humaine. Point.
Et cette vie humaine doit être respectée. Ce principe est si clair. À celui qui ne le comprend pas, je poserais deux questions : « Est-ce juste de tuer une vie humaine pour résoudre un problème ? » Scientifiquement, c’est une vie humaine. Deuxième question : « Est-il juste d’engager un tueur à gage pour résoudre un problème ? » Cela je l’ai déjà dit publiquement, je l’ai dit l’autre jour à la radio Cope.
[…] Scientifiquement c’est une vie humaine. Les livres l’enseignent et je demande si c’est juste de tuer pour résoudre un problème ? C’est pour cela que l’Église est si dure sur ce thème. Parce que c’est un peu, si elle acceptait ça, comme si elle acceptait l’homicide quotidien.Un chef d’État m’a dit que le déclin de la population a commencé chez eux. Parce que dans ces années, il y une loi d’avortement tellement forte qu’elle a fait 6 millions d’avortements. Ils calculent et ça a entraîné un déclin dans la société de ce pays.
Maintenant, voyons la personne qui n’est pas dans la communauté, qui ne peut pas faire la communion parce qu’elle n’est pas dans la communauté.
Il ne s’agit pas d’une sanction, mais tu es en dehors. La communion unit à la communauté. Mais le problème n’est pas un problème théologique, ça c’est simple. Mais c’est un problème pastoral : comment nous, évêques, gérons pastoralement ce principe. Et si nous regardons l’histoire de l’Église, nous verrons qu’à chaque fois que les pasteurs ont géré, pas comme des pasteurs, un problème, ils ont pris une position sur la vie politique. Sur un problème politique. Pour ne pas gérer bien un problème, ils se sont positionnés sur le versant politique.
Nous pensons à la Nuit de la Saint-Barthélémy… et oui ! Une hérésie très grave, étranglons-les tous, un fait politique. Nous pensons à Jeanne d’Arc, à cette vision.
Pensons à la chasse aux sorcières, pensons encore à Campo de Fiori, à Savonarole, à tout cela. Quand l’Église, pour résoudre un principe, ne le fait pas pastoralement, elle le fait sur le plan politique. Et c’est toujours comme ça. Il suffit de regarder l’histoire.
Et que doivent faire les pasteurs ? Être des pasteurs, être des pasteurs, et ne pas aller condamner, ne pas condamner : être pasteurs. Même des pasteurs pour ceux qui sont excommuniés. […] Être pasteur avec le style de Dieu. Et le style de Dieu est : proximité, compassion et tendresse.
Toute la Bible le dit. […] Un pasteur qui ne sait pas gérer avec le style de Dieu, il glisse et tombe dans beaucoup des choses qui ne sont pas celles d’un pasteur.
Je ne voudrais pas «particulariser» les États-Unis, parce que je ne connais pas très bien les détails, je donne le principe. Vous pouvez me dire «si vous êtes proche, et tendre, et compatissant avec une personne, vous lui donneriez la communion ?» Ça c’est une hypothèse. S’il est pasteur, il sait ce qu’il doit faire à chaque moment. Mais comme pasteur. Mais s’il sort de cette pastoralité de l’Église il devient immédiatement politique. Et cela vous les verrez dans toutes les dénonciations et condamnations non pastorales qu’a fait l’Église. Avec ces principes, je crois qu’un pasteur peut se débrouiller. Les principes sont de la théologie. La pastorale, c’est la théologie et l’Esprit saint qui te conduisent à le faire, avec le style de Dieu…
Non, je n’ai jamais refusé l’Eucharistie à personne, personne. Je ne sais pas si quelqu’un [en état de péché, ndlr] s’est présenté devant moi […], mais je n’ai jamais, jamais refusé l’Eucharistie, et ce en tant que prêtre. […] Simplement la seule fois où il m’est arrivé une chose un peu amusante, c’est quand je suis allé célébrer la messe dans une maison de retraite et nous étions dans le salon. Et j’ai dit : «qui veut communier ?», levez la main et tous les vieux hommes et femmes voulaient communier et quand j’ai donné la communion à la dame, elle a pris ma main et a dit merci mon père, merci, je suis juive, et j’ai dit aussi que ce que je vous ai donné est juif aussi, allez ! (rires) La seule chose étrange, c’est que la dame ne me l’a pas dit d’abord, elle l’a dit après.
La communion n’est pas un prix qu’on remet au parfait, non. Pensons à Port Royal. Le problème d’Angélique Arnaud, les parfaits qui seuls peuvent communier… La communion est un don, un cadeau, la présence de Jésus dans son Église et sa communauté, c’est la théologie. Alors ceux qui ne sont pas dans la communauté ne peuvent pas communier, comme cette dame juive, mais la dame a voulu la récompenser à mon insu pourquoi ? Parce qu’ils sont en dehors de la communauté, ex-communita, c’est un terme dur mais cela signifie qu’ils ne sont pas dans la communauté soit parce qu’ils n’en font pas partie, soit parce qu’ils ne sont pas baptisés, soit parce qu’ils se sont éloignés de certaines choses…
L’antisémitisme est à la mode en ce moment; c’est en train de ressurgir; c’est quelque chose de très très laid.
Sur le « Mariage homosexuel »:
[Question : Vous avez parlé de la famille avec les autorités hongroises, avec les jeunes hier. À Strasbourg est arrivée une résolution du parlement européen qui invite les Etats membres à reconnaître le mariage homosexuel et à ouvrir la porte de la parentalité. Quel est votre sentiment sur cette proposition.]
J’ai parlé clairement de cela. Le mariage est un sacrement. Le mariage est un sacrement. L’Église n’a pas le pouvoir de changer les sacrements. C’est comme cela que le Seigneur l’a instituée. Ce sont des lois qui cherchent à aider la situation de tant de gens et les orientations sexuelles diverses. C’est important d’aider ces gens comme cela mais sans imposer des choses qui, par nature dans l’Église, ne vont pas. S’il veulent porter la vie ensemble – un couple homosexuel -, les États ont la possibilité de civilement les soutenir, leur donner des sécurités de transmission, de santé, etc.
Les Français ont une loi sur cela, non seulement pour les homosexuels mais pour toutes les personnes qui veulent se mettre ensemble. Mais le mariage est le mariage… Cela ne veut pas dire qu’il faut condamner les personnes qui sont ainsi, non s’il vous plaît ! Elles sont nos frères et nos soeurs et nous devons les accompagner. Mais le mariage comme sacrement est clair. C’est clair. Que des lois civiles existent, trois veuves qui voudraient s’associer par le biais d’une loi pour avoir une couverture sanitaire, pour bénéficier d’un héritage entre elles.
Le Pacs français; cette loi, je ne sais pas bien. Cela n’a rien à voir avec les couples homosexuels. Les couples homosexuels peuvent l’utiliser. Mais le mariage, comme sacrement, est homme et femme.
Parfois, ce que je disais créait de la confusion. Nous sommes tous égaux et nous devons respecter tous. Le Seigneur est bon et sauvera tout le monde. Cela je peux le dire à voix haute. Le Seigneur veut le salut de tout le monde. Mais s’il vous plait, ne faîtes pas que l’Eglise renie sa vérité. Tant de personnes homosexuelles s’approchent du sacrement de pénitence, s’approchent et demandent des conseils aux prêtres, l’Église les aide, à aller de l’avant dans leur propre vie. Mais le sacrement de mariage…
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