Ne dites plus «Fastenopfer» ni «Sacrificio quaresimale». Ce sera maintenant «Fastenaktion» et «Azione Quaresimale». La dénomination française «Action de Carême» reste néanmoins.
Pour l’allemand et l’italien, l’idée était de débarrasser ces noms des connotations négatives qui y étaient attachées, a expliqué Bernd Nilles. Le directeur d’AdC a rappelé que les termes « Opfer » (qui peut signifier ›offrande’, mais aussi ›victime’ ou ›sacrifice’ en allemand) et « sacrificio » (›offrande’, mais aussi ›sacrifice’ en italien) ne trouvaient plus de sens à notre époque et pouvaient induire des images indésirables.
Pendant trois ans, les responsables d’AdC ont planché sur des appellations correspondant davantage au caractère de l’œuvre d’entraide. En intégrant le mot «action», ils ont ainsi mis en avant le dynamisme et l’esprit de terrain de l’organisation basée à Lucerne.
Le logo d’AdC a lui aussi gagné en cohérence, tout en conservant l’essentiel de son message d’origine. Les bords se sont arrondis et la croix a pris un aspect plus humain. «Avec le pain brisé et la croix, les aspects de partage et de foi chrétienne, qui sont à la base de l’engagement d’AdC ont été conservés dans le logo, s’est réjoui Mgr Felix Gmür, président de la Conférence des évêques suisses (CES), à cath.ch. Et celui-ci s’est enrichi de la dimension humaine».
Lors de la soirée, qui a réuni une huitantaine de personnes au Musée des transports à Lucerne, les divers aspects de cet engagement de six décennies ont été relevés.
Devant l’impossibilité de résumer l’histoire d’AdC en 20 minutes, Toni Bernet Strahm, ancien membre du Conseil d’administration de l’oeuvre d’entraide, a présenté son «musée imaginaire» de l’organisation. Avec l’appui des affiches de campagnes qui ont jalonné les décennies, il a articulé sur grand écran les principales étapes de développement et les diverses facettes d’AdC.
Le pivot de l’événement a été une table ronde intitulée «La coopération au développement en transition». La discussion a permis de refaire le point sur l’orientation de la coopération au développement en période de crise climatique. Animée par Markus Brun, responsable de la coopération internationale au sein d’AdC, elle a vu la participation de Ruth Huber, ambassadrice et membre de la direction de la Direction du développement et de la coopération (DDC), Mgr Gmür, président du Conseil de fondation d’AdC, et Bernd Nilles, directeur d’AdC et président d’Alliance Sud. L’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard a également fourni ses réflexions par écran interposé.
Les intervenants sont tombés d’accord sur l’urgence d’agir en matière de changements climatiques. Bernd Nilles a toutefois signalé l’action tardive de la Confédération et la faiblesse des ressources accordées au développement et à la lutte contre la dégradation de l’environnement.
La question de l’implication d’AdC dans la sphère politique a également été soulevée. Son engagement, en automne 2020, en faveur de l’initiative «Pour des multinationales responsables» avait notamment provoqué de vives réactions. Sur cette question, Mgr Gmür a rappelé que, pour l’Eglise, le développement humain est impensable sans la paix et la préservation de la Création. A cath.ch, l’évêque de Bâle a rappelé l’idée présente dans Laudato si’ selon laquelle «le Royaume de Dieu demande des changements systémiques». «Action de Carême ne va pas changer le système économique mondial, a-t-il précisé. Mais son action, et celle de l’Eglise, peuvent nous mener vers une nouvelle conscience, nous faire réfléchir à nos actes».
Avec le slogan «Personne ne doit être laissé en arrière», les intervenants ont souligné qu’en 60 ans, AdC était restée fidèle à ses principes: un appel au renoncement, à la solidarité, à la réflexion et à un mode de vie plus sobre. La soirée au Musée des transports a aussi été l’occasion de réaffirmer l’engagement de l’oeuvre d’entraide en faveur d’une plus grande responsabilité de la Suisse en matière de politique de développement.
Lucrezia Meier-Schatz, pour le mot de la fin, a souligné que les défis à venir étaient énormes. Reprenant le slogan du mois de la mission universelle 2021, la conseillère nationale PDC a assuré que «nous n’avons plus la possibilité de nous taire». (cath.ch/com/rz)
Action de Carême a été fondée en 1961 à Lucerne sur le modèle de l’organisation allemande Misereor (1958). Elle a collaboré par la suite avec Pain pour le prochain (PPP), une organisation similaire des Églises réformées et Etre partenaire, de l’Eglise catholique chrétienne, pour mener, chaque année durant le temps de Carême, une campagne œcuménique. La démarche a pour but de sensibiliser la population à la solidarité Nord-Sud et de récolter des dons pour financer des projets d’entraide.
Action de Carême est une fondation à but non lucratif dirigée par un Conseil de fondation et administrée par un directeur. Le président du Conseil de fondation est membre de la Conférence des évêques suisses (CES).
Le bureau central d’Action de Carême est à Lucerne. Deux bureaux régionaux se situent à Lausanne et à Lugano. RZ
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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