Agé de 60 ans, Armin Laschet a été choisi le 20 avril 2021 comme candidat de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU/CSU) pour les élections fédérales du 26 septembre. Ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie depuis 2017, les analystes ne lui donnent pas beaucoup de chances de remplacer Angela Merkel à la tête du pays. Mais les observateurs notent aussi que la donne peut changer très vite. A la tête d’un des grands parti traditionnels allemands, Armin Laschet n’a donc pas forcément dit ses derniers mots.
Alors qu’Angela Merkel était plutôt discrète sur ses convictions protestantes, Armin Laschet a la particularité d’afficher ouvertement sa foi catholique. Son parcours personnel et professionnel est profondément lié à l’Eglise. Il a fréquenté une école catholique locale et a été, dans sa jeunesse, fortement ancré dans sa paroisse, servant la messe, chantant dans la chorale et intégrant le groupe local de jeunes catholiques.
Il a même envisagé de devenir prêtre, mais a finalement préféré étudier le droit, obtenant une licence d’avocat. Egalement au bénéfice d’une formation de journaliste, il a été rédacteur en chef du journal du diocèse d’Aix-la-Chapelle (ouest) et directeur général de la maison d’édition catholique Einhard Verlag, basée dans cette même ville. De 2007 à 2016, il s’est engagé au sein du Comité central des catholiques allemands (ZdK).
Tout au long de ses 25 ans de carrière politique, Armin Laschet n’a jamais manqué d’évoquer sa foi. En tant qu’élu, il a également toujours entretenu une relation résolument amicale avec l’Eglise, note l’agence d’information allemande Katholische Nachrichtenagentur (KNA). Il a rencontré le pape François à deux reprises. Obtenant de sa part, la seconde fois, une bénédiction.
En 2018, Armin Laschet a précisé ce que signifiait pour lui le «C» dans l’acronyme CDU, face aux demandes visant à ce que le parti prenne un tournant à droite. Il a souligné que le «C» ne signifie justement pas conservateur. Cela veut dire pour lui que «l’image chrétienne de l’homme doit être traduite de façon concrète dans la politique».
Le candidat de la CDU soigne ainsi une image de catholique plutôt progressiste. Il a notamment affirmé que le conservatisme pouvait être «en opposition avec le christianisme». Dans sa vidéo de présentation sur le site internet de la CDU, il se positionne dans la tradition chrétienne-sociale d’une Rita Süssmuth et d’un Heiner Geissler.
En 2015, Armin Laschet avait accepté l’introduction du mariage pour tous, en tant qu’homme politique, tout en exprimant clairement son opposition personnelle en tant que catholique. L’actuelle leader de la CDU avait rappelé que «l’union entre un homme et une femme est la meilleure base et la plus fiable pour une famille réussie».
Si le ministre-président de Rhénanie-Westphalie, le Land le plus peuplé d’Allemagne, devient chancelier de la quatrième puissance économique mondiale, le 26 septembre, il est également envisageable que cela puisse influencer l’avenir du monde. Notamment dans l’un des dossiers prioritaires du temps actuel: la lutte contre le changement climatique.
Armin Laschet a fait référence à maintes reprises, dans ses allocutions et interviews, à l’encyclique Laudato si’ (2015), de laquelle il apparaît comme un fervent lecteur. A l’instar du pape François, il considère que l’on ne peut pas séparer les questions écologiques des grandes questions sociales.
On peut donc penser que, s’il était élu, il pourrait faire pencher la balance de la politique mondiale dans le sens des propositions écologiques «intégrales» du pontife. Notamment à l’occasion de la COP26 de Glasgow, où il rencontrerait une autre oreille attentive aux positions du pape: celle de Joe Biden. Un événement où Jorge Bergoglio envisage d’ailleurs de se rendre en personne, pour peser sur les discussions.
L’élection d’Armin Laschet apparaît toutefois comme improbable à l’heure actuelle. Les derniers sondages lui sont défavorables. L’institut Insa, fin août 2021, plaçait le SPD en tête avec 25 % des suffrages, devant l’alliance CDU/CSU (20 %) et les Verts (16,5 %). Mais, selon KNA, Armin Laschet a en commun avec Angela Merkel, outre leur entente politique de base, la caractéristique d’avoir «toujours été sous-estimés». (cath.ch/kna/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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