Opposition à une liturgie uniforme dans l'Église syro-malabare

Les querelles liturgiques sur la célébration de la messe ne secouent pas seulement l’Eglise latine. L’uniformisation du rite demandée par le synode de l’Église syro-malabare, du sud de l’Inde, suscite des oppositions parmi les fidèles.

Le synode de l’Église syro-malabare, basée dans l’État du Kerala, dans le sud de l’Inde, a décidé de d’imposer un mode uniforme de célébration de la messe dans ses 35 diocèses, ignorant l’opposition d’une partie des prêtres et des laïcs, rapporte l’agence catholique ucanews.

Tous les diocèses mettront en place une liturgie uniforme, comme l’a décidé le synode il y a vingt ans, d’ici Pâques de l’année prochaine au plus tard, soit le dimanche 17 avril 2022, a indiqué le synode le 27 août 2021.

Cette décision fait suite à une lettre du pape François du 6 juillet, qui demandait à l’Église de mettre en œuvre une forme standardisée de liturgie, comme convenu par son synode des évêques en 1999 déjà.

Face au peuple ou face à l’autel ?

L’Église syro-malabare est divisée sur la célébration liturgique depuis plus de quatre décennies. Certains prêtres célèbrent la messe face à l’assemblée, tandis que d’autres font face à l’autel, tournant ainsi le dos aux fidèles.

Le synode avait décidé, en 1999, que les prêtres feraient face à l’assemblée pendant la messe, jusqu’à la prière eucharistique, puis de nouveau de la communion à la fin de la messe. Pendant la prière eucharistique, ils feront face à l’autel.

Pour l’unité et la croissance de l’Eglise

Le synode a «unanimement salué» la lettre papale et l’a remercié de «son intervention pour l’unité et la croissance» de l’Eglise, indique la déclaration publiée à l’issue de sa rencontre.

Dans un premier temps, toutes les églises cathédrales, les centres de pèlerinage, les maisons religieuses et les petits séminaires appliqueront la décision le 28 novembre 2021, date du début de l’année liturgique.

Certains évêques, qui ont exprimé des difficultés à mettre en œuvre la décision dans l’ensemble de leur diocèse, pourront introduire le mode de célébration uniforme jusqu’à Pâques de l’année prochaine au plus tard. Le synode a demandé aux évêques d’éviter «toute confrontation avec qui que ce soit» car l’objectif des évêques «est de forger davantage d’unité entre les membres de l’Église.»

Protestation des fidèles

Cependant, peu après l’annonce de la décision, un groupe de personnes sous la bannière du Mouvement archidiocésain pour la transparence (AMT) a protesté devant le Mont Saint-Thomas, le siège de l’Église, dans le district d’Ernakulam, au Kerala.

Les membres portaient des affiches et des banderoles s’opposant à la décision du synode en faveur d’une messe uniforme. »La messe face aux gens est notre tradition», pouvait-on lire sur une bannière. «Le pape François défend l’unité plutôt que l’uniformité» et «Nous voulons la sainte messe face au peuple», relevaient d’autres slogans.

Les dirigeants de l’AMT ont déclaré avoir le soutien de prêtres, de religieux et de milliers de laïcs, et vouloir intensifier leur opposition si les évêques font pression sur les prêtres pour qu’ils célèbrent la liturgie eucharistique face à l’autel, dos à l’assemblée.

«Près de 500 prêtres diocésains et religieux travaillant dans le seul archidiocèse d’Ernakulam avaient communiqué par écrit au Vatican et au Synode leur désaccord avec la messe uniforme», a déclaré Riju Kanjookaran, responsable de l’AMT.

«Nous avons célébré la messe avec le prêtre face au peuple pendant plus de six décennies, et maintenant pourquoi suivre soudainement quelque chose d’archaïque. C’est une attaque directe contre notre tradition et notre culture.» Il a souhaité plus de dialogue et de participation des laïcs pour décider d’une question aussi vitale que la liturgie. (cath.ch/ucanews/mp)

Maurice Page

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