Qu’est-ce qui fait qu’une parole attire notre attention et nous inspire confiance? C’est en fait la question de l’évangile de ce jour. La réponse est dans le lien avec la personne qui parle. Si nous la connaissons on aura de quoi évaluer la pertinence de son propos. Si nous l’aimons alors on saura par le cœur qu’elle vaut la peine d’être accueillie pour y faire confiance.
Nous entendons dans l’évangile de ce jour la fin du discours de Jésus sur le pain de vie. Il se donne comme une nourriture éternelle: «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle!» Auparavant il s’était présenté comme le pain de vie. Et comme souvent, Jésus joint les actes à la parole. Il avait nourri les foules au bord du lac. Après le partage des cinq pains et des deux poissons donnés pour la multitude, Jésus revient sur ce geste pour nous dire qu’il est signe de la générosité de Dieu. Il conduit ses convives à découvrir que cette nourriture terrestre est le signe d’autre chose de bien plus important: c’est Dieu lui-même qui donne une nourriture qui se garde pour la vie éternelle.
En même temps, en offrant sa chair et son sang, Jésus nous fait comprendre qu’il se donne totalement pour nous faire vivre. Dans l’évangile de Jean qui ne rapporte pas l’annonce de la Passion comme les trois autres, on peut considérer ces paroles comme une annonce de sa Passion. Le mystère de Pâques est contenu dans ce long discours, celui qui le verra affronter sa mort pour vivre de la Résurrection.
Elle est rude cette parole, dure même selon la traduction littérale de ce mot de l’évangile.
Les premiers auditeurs de Jésus venus en foule de toute part sont perplexes devant l’évocation de la mort pour la vie. Il n’est pas possible d’y entrer par la seule intelligence mais par le cœur pour l’accueillir plus que pour la comprendre.
«Pierre et les Douze expriment leur choix de suivre Jésus car ils savent par la foi que ses paroles sont celles de la vie éternelle.»
C’est pourquoi ce sont les plus proches, les familiers de Jésus, qui peuvent la recevoir car ils ont appris à le connaître et à l’aimer et ils peuvent recevoir une parole même mystérieuse qui vient de lui. Cette parole est digne de confiance pour ceux qui ont mis leur espoir en celui qui leur permet de traverser tant de turbulences. C’est leur amour qui s’exprime lorsqu’ils déclarent leur confiance.
Le don de Dieu parcourt tout l’évangile de Jean. Il prend des formes multiples: la lumière, la parole, le pain, la vie et Jésus lui-même. Plus les auditeurs de cette parole se sentent proches de Jésus, plus ils adhéreront, par la foi, à cette promesse qu’ils reçoivent comme celle de l’amour. Chacun est libre, et Jésus le confirme par sa question: «Voulez-vous partir vous aussi?» La réponse des plus proches disciples est celle de l’amour qui choisit la confiance. Cette confiance qui choisit vers qui se tourner pour vivre.
Oui, la foi est aussi un choix, celui de l’adhésion à Dieu par Jésus. De même que Josué et les siens ont été mis devant le choix de servir Dieu, Pierre et les Douze expriment leur choix de suivre Jésus car ils savent par la foi que ses paroles sont celles de la vie éternelle. Nous sommes aujourd’hui devant ce même choix, celui de notre confiance en l’amour qui se donne pour que nous ayons la vie!
Philippe Matthey | Vendredi 20 août 2021
Jn 6, 60-69
En ce temps-là,
Jésus avait donné un enseignement
dans la synagogue de Capharnaüm.
Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent :
« Cette parole est rude !
Qui peut l’entendre ? »
Jésus savait en lui-même
que ses disciples récriminaient à son sujet.
Il leur dit :
« Cela vous scandalise ?
Et quand vous verrez le Fils de l’homme
monter là où il était auparavant !…
C’est l’esprit qui fait vivre,
la chair n’est capable de rien.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit
et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »
Jésus savait en effet depuis le commencement
quels étaient ceux qui ne croyaient pas,
et qui était celui qui le livrerait.
Il ajouta :
« Voilà pourquoi je vous ai dit
que personne ne peut venir à moi
si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent
et cessèrent de l’accompagner.
Alors Jésus dit aux Douze :
« Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit :
« Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons,
et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
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