Le Conseil fédéral refuse de former des imams contre la radicalisation

En réponse à une demande du Parlement concernant la formation des imams pour contrer la radicalisation, le Conseil fédéral a estimé, dans un rapport rendu le 18 août 2021, qu’une telle formation n’était pas la bonne approche. La Constitution oblige en effet l’État à respecter la neutralité religieuse.

Dans un postulat de 2016 déposé par une députée PDC, le Parlement a chargé le Conseil fédéral d’étudier des mesures de formation des imams leur permetant de prévenir le «prosélytisme islamiste» et de tirer parti du potentiel intégrateur des imams, en particulier lorsqu’ils sont en contact avec des jeunes.

Obligation de neutralité religieuse

Or, rappelle le Conseil fédéral, la Constitution oblige l’État à respecter la neutralité religieuse: il a l’interdiction de prendre des mesures visant une religion spécifique ou de fixer des exigences en matière de formation pour une communauté religieuse. Une telle formation n’est donc pas une approche appropriée pour contrer le problème des prédicateurs extrémistes et de la radicalisation qu’ils encouragent, conclut le Conseil fédéral.

Dans sa réponse, le Conseil fédéral s’appuie par ailleurs sur une étude de l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) qui démontre que les accompagnants religieux modérés peuvent avoir un effet positif sur l’intégration et contribuer activement à la prévention de la radicalisation.

Ce potentiel intégrateur, estime Berne, «peut être développé par le biais de l’inclusion des communautés religieuses de droit privé dans les institutions publiques telles que l’armée, les hôpitaux, les institutions d’exécution des peines et les centres d’asile».

Formation et formation continue

Dans ce contexte, le Conseil fédéral envisage plutôt de fixer des exigences en matière de formation et de formation continue et de les faire respecter. De bonnes conditions de travail et des perspectives professionnelles augmenteraient également la demande d’offres de formations de qualité et contribueraient à la professionnalisation des imams et des autres accompagnants religieux.

Dans son rapport, le Conseil fédéral a étendu sa réflexion aux autres accompagnants religieux tels que les professeurs d’éducation religieuse, les aumôniers, les responsables de groupes de femmes ou de jeunes ainsi que les membres d’une communauté qui exercent des tâches particulières. Les conclusions du rapport ne se limitent pas non plus à l’islam, car nombre d’entre elles concernent aussi d’autres religions.

La Confédération va bientôt impliquer des accompagnants religieux issus de différentes communautés dans l’aumônerie de l’armée. Le Conseil fédéral examine la possibilité d’étendre cette pratique aux centres d’asile fédéraux. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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