Haïti: «Il est encore impossible d'évaluer l’ampleur des dégâts»

Trois jours après le séisme dévastateur de magnitude 7,2 qui a secoué Haïti le 14 août 2021, le bilan de 1’400 victimes reste encore très provisoire. Pour Mauro Clerici, président de la Conférence missionnaire de la Suisse italienne, l’essentiel est maintenant comprendre les besoins les plus urgents de la population, pour une intervention la plus efficace possible.

Catt.ch/Traduction et adaptation: Davide Pesenti

Mauro Clerici vit des jours frénétiques et de préoccupation. Depuis samedi 14 août, jour du tremblement de terre destructeur dans la région des Nippes, à 120 kilomètres au sud-ouest de la capitale Port au Prince, le président de la Conférence missionnaire de la Suisse italienne est en contact permanent avec les volontaires de la mission Suisse italienne (CMSI) dans le pays des Caraïbes.

Mauro Clerici en visite au centre médical «Caritas», où travaille la missionnaire tessinoise Maria Laura Pron. | © catt.ch

Informations fragmentaires

La situation est dramatique. «L’épicentre du tremblement de terre se situe dans la région montagneuse de L’Asile, une ville de 38’000 habitants où de nombreux bâtiments se sont effondrés. À Paillant, 50 kilomètres plus à l’est, les maisons ont en revanche résisté», explique le Tessinois.

«L’internat où nous travaillons a été endommagé. Les religieuses qui le dirigent vont bien, mais nous n’avons pas de nouvelle des enseignants, ni des familles des élèves.»

Les autorités locales estiment que de nombreuses personnes se trouvent encore parmi les décombres des nombreux bâtiments détruits, notamment dans le sud du pays.

«D’autres villes dans cette région ont fait état de situations très problématiques». La cathédrale d’Anse-à-Veau est momentanément fermée pour risque d’effondrements. «Même l’internat avec lequel nous travaillons a subi des dommages, affirme préoccupé Mauro Clerici. Les religieuses qui le dirigent vont bien, mais nous n’avons aucune nouvelle des enseignants, ni des familles des élèves».

Planifier l’aide d’urgence

De manière générale, il est encore difficile d’avoir une vue d’ensemble des dégâts causés par le séisme. «Nous parlons d’une région, les Nippes, caractérisée par son relief montagneux, explique le président de la Conférence missionnaire de la Suisse italienne. La communication était déjà très compliquée auparavant; elle est encore plus maintenant, au milieu de cette urgence. Chacun recueille des informations auprès de ses connaissances, mais il faudra du temps pour obtenir un tableau complet de la situation».

«En collaboration avec le diocèse de Lugano et nous essaierons de comprendre quelles initiatives doivent être activées au plus vite.»

Les hôpitaux de l’Île sont débordés et on manque de médicaments pour venir en aide aux 7’000 blessés. Les personnes ont peur et dorment dans la rue. Cette situation précaire rend très difficile la planification des opérations d’aide. «Ces prochains jours, nous nous réunirons en tant que CMSI, annonce Clerici. En collaboration avec le diocèse de Lugano, nous essaierons de comprendre quelles initiatives doivent être activées au plus vite. Nous devons avoir au moins une idée des besoins les plus urgents, sinon nous risquons de ne pas être efficaces dans notre intervention».

Urgences sans fin

Alors que les dégâts causés par le séisme sont en train d’être comptabilisés, les conditions de vie des survivants sont très précaires. Non seulement en raison du manque de produits de première nécessité et de soins médicaux, mais aussi de la tempête tropicale Grace qui a déferlé, mardi 17 août, avec de fortes pluies sur la péninsule de Tiburon, et sur les villes de Cayes et de Jérémie, les zones les plus touchées par le tremblement de terre.

La région des Nippes, épicentre du séisme du 14 août 2021. | © catt.ch

Un mois après l’assassinat du président Jovenel Moïse, le tremblement de terre représente une épreuve supplémentaire pour la population haïtienne qui vit une situation sociale et politique plus instable que jamais, alors que l’esprit des habitants de l’Île caribéenne est encore très marqué par le terrible séisme de 2010 qui avait fait plus de 200’000 morts. A l’époque, la capitale Port-Au-Prince avait été fortement touchée là où la densité de population est beaucoup plus élevée que dans la région des Nippes. (cath.ch/catt.ch/dp)

Davide Pesenti

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