L’été est d’habitude synonyme de détente et d’insouciance. En 2021, la saison a pourtant causé bien des tourments aux habitants de la planète. Au nord de l’Europe, la météo a joué de mauvais tours aux populations. Des régions entières de Belgique, d’Allemagne et également de Suisse ont été touchées par un déluge sans précédent. Les inondations ont fait des centaines de morts et d’énormes dégâts. De catastrophiques montées des eaux ont également durement affecté d’autres parties du monde, notamment la Chine et l’Inde.
Dans la tradition catholique, il existe un saint vers lequel se tourner pour demander protection contre de tels débordements: il s’agit de Grégoire le Thaumaturge. Cet évêque du 3e siècle qui a vécu dans la région du Pont (aujourd’hui, la côte turque de la mer Noire) a largement contribué à la diffusion du christianisme. Il est aussi connu pour avoir accompli un grand nombre de guérisons et de miracles, d’où son surnom de «thaumaturge».
Il avait notamment le pouvoir de faire plier les éléments à sa volonté. Mettant en pratique la parole du Seigneur selon laquelle «la foi peut déplacer les montagnes», il commanda ainsi un jour à une colline de reculer, afin qu’elle lui laisse la place nécessaire pour la construction d’une église.
Encore plus que la terre, l’eau cédait facilement à ses souhaits. C’est ainsi que, par ses prières, il dessécha un lac entier, objet de litige entre deux frères, qui se réconcilièrent aussitôt.
Sa carrière fut marquée par un autre miracle hydrique. Le fleuve du Lycus, qui coulait près de Néocésarée (aujourd’hui Niksar, en Turquie), était souvent pour le pays une cause d’inondation et de ruine. Saint Grégoire, ému de compassion pour son peuple, se rendit au bord du cours d’eau, y planta son bâton et ordonna aux eaux, de la part de Dieu, de ne pas franchir cette borne. Le bâton prit racine et devint un arbre, et les inondations cessèrent.
Ce miracle en particulier a valu à l’évêque Grégoire sa réputation de protéger contre les montées des eaux intempestives.
Les pluies de cet été ont souvent été accompagnées de violents orages. Partout dans le monde, ils ont fait de nombreuses victimes. La foudre a notamment causé la mort de seize personnes, le 4 août, lors d’une fête de mariage au Bangladesh. Au mois de juillet, près de 80 personnes sont mortes foudroyées dans plusieurs États indiens.
Contre cette colère des cieux, on peut demander la protection de sainte Barbe d’Héliopolis. Elle aurait vécu de la seconde moitié du 3e au début du 4e siècle en Bithynie ou en Phénicie selon les sources, sous le règne de l’empereur Dioclétien, et serait morte martyrisée sous l’empereur Maximien.
Selon la légende, elle s’était opposée à la volonté de son père, Dioscore, de la marier, afin de se consacrer au Christ. Son géniteur, après l’avoir fait vainement torturer pour lui faire abjurer sa foi, l’avait décapitée. Il avait cependant été immédiatement châtié par le ciel, en se faisant frapper par la foudre.
Outre d’apprendre qu’il ne faut pas porter sur soi un objet métallique pendant un orage, l’histoire a eu le mérite de consacrer Barbe comme sainte protectrice des phénomènes électriques célestes.
Les orages, notamment en Suisse, ont été accompagnés d’épisodes de grêle et de vents violents. Pour se préserver de ces deux phénomènes, il est possible de faire appel à une figure quelque peu méconnue: saint Christantien. Né à Ascoli, dans la région italienne des Marches, il fut martyrisé pour avoir refusé de faire des offrandes aux dieux romains.
Après sa mort, un petit village d’Italie l’ayant adopté pour protecteur fut épargné par une terrible épidémie de grippe. Si on peut l’invoquer contre cette affection virale, l’origine de ses attributions «anti-grêle et tempête» n’est en revanche pas claire.
Si l’eau, la foudre et l’air ont apporté la mort dans de nombreuses régions du Globe, le feu n’a pas été en reste. Depuis des semaines, des zones en proie à la sécheresse se débattent avec de violents incendies de forêts. De vastes feux ne sont toujours pas maîtrisés en Amérique du Nord. En Europe, le pourtour de la Méditerranée souffre particulièrement. De la Grèce à l’Italie, des températures très élevées ont provoqué de nombreux départs de feux. Des milliers d’hectares ont brûlé dans plusieurs pays et huit personnes sont mortes en Turquie.
Les fidèles menacés par les flammes ont la possibilité de s’adresser à saint Florian de Lorch. Né vers 250 et mort vers 304, il commandait l’armée impériale romaine de Bavière. Les Romains luttaient, à cette époque, contre l’expansion du christianisme, et envoyèrent le consul Aquilinus pour accélérer la persécution envers les chrétiens. Le consul proposa à Florian, qui s’était converti au christianisme, d’offrir un sacrifice à une divinité romaine. Florian refusa et fut battu et torturé, avant d’être jeté dans la rivière alpine de l’Enns avec une grosse pierre autour du cou.
Selon la tradition, sa dépouille mortelle repose à Cracovie en Pologne, dont il est le saint patron. Son aptitude à agir contre les incendies vient de ses responsabilités dans l’armée romaine, où il était accessoirement chef des brigades de pompiers. Un domaine où il excellait puisqu’il est connu pour avoir éteint un immense brasier avec un seul seau d’eau.
Il est donc logiquement également le saint patron des soldats du feu.
Outre les catastrophes naturelles, l’été 2021 est toujours marqué par l’empreinte du Covid-19, qui retrouve de la vigueur dans certaines régions du monde.
Contre les fléaux épidémiques, de nombreuses figures saintes peuvent être invoquées, dont la Vierge Marie. C’est à elle que le pape François a d’ailleurs a adressé ses prières pour la fin de la pandémie.
Sinon, saint Roch (1305-1378) tient une place de choix, dès le Moyen Âge, en tant que protecteur contre les maladies contagieuses, à l’époque principalement la peste. Fils d’un gouverneur de Montpellier, il avait décidé, à 20 ans, de vendre ses biens et de se faire pauvre à l’exemple de saint François d’Assise. Prenant un jour le chemin de Rome, il avait obtenu beaucoup de guérisons de malades de la peste, qui sévissait alors en Italie. Une affection qu’il contractera lui-même plus tard, avant d’en être miraculeusement guéri.
Il existe ainsi dans la tradition catholique de nombreuses figures susceptibles de nous aider face aux dangers de ce monde. Ils ne constituent cependant certainement pas une licence pour s’affranchir des moyens conventionnels pour faire face à ces phénomènes. Comme le pape François l’a exprimé à plusieurs reprises, la prière doit aller de pair avec l’action concrète dans le monde, qui peut être de se faire vacciner ou de lutter contre le dérèglement climatique. (cath.ch/ag/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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