L'Eglise réformée reconnaît les abus de son ancien président

Les membres de la commission d’enquête temporaire de L’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) ont reconnu, le 4 août 2021, la responsabilité de Gottfried Locher, l’ancien président de l’institution (à l’époque la FEPS), dans les faits qui lui sont reprochés d’atteinte à l’intégrité sexuelle, spirituelle et psychologique d’une ancienne collaboratrice.

L’enquête découle d’une plainte déposée au printemps 2020 à l’EERS et de la démission d’une membre du Conseil et de l’ancien président de l’EERS. À la suite de ces événements, le Synode a institué en juin 2020 une commission d’enquête temporaire chargée de procéder à une analyse de la situation à l’intention du Synode de septembre 2021.

Cette analyse s’est appuyée sur les résultats d’une enquête externe menée par une étude d’avocats mandatée à cet effet. Lors de la conférence de presse de ce jour à Berne, la commission, représentée par sa présidente Marie-Claude Ischer et son vice-président Roland Stach, a présenté publiquement ses résultats.

Selon les conclusions de la commission temporaire, l’attitude de Gottfried Locher était abusive, a expliqué aux médias sa présidente Marie-Claude Ischer. «Les messages étaient contradictoires, les relations personnelles et professionnelles n’étaient pas clarifiées.»

Par ailleurs, la posture de non-collaboration de l’ancien président dans cette crise n’est pas acceptable. «L’intimidation vis-à-vis du conseil n’est pas digne d’un président d’une institution ecclésiale», a-t-elle poursuivi.

«Rien ne doit être étouffé»

Pour la nouvelle présidente de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS), Rita Famos, il est juste que la plainte ait été traitée de manière consciencieuse. Rien ne doit être étouffé. Les plaintes doivent être prises au sérieux et traitées de manière professionnelle, à tous les échelons de l’Eglise.

Pour Marie-Claude Ischer, la plaignante doit obtenir une juste reconnaissance sociale, financière et personnelle. Rita Famos s’est excusée auprès d’elle. Les événements sont regrettables. Ils ont ébranlé l’institution.

La commission constate également que le Conseil, «dans son traitement de la plainte, a agi avec prudence et en tenant compte des règles de procédure en vigueur» et, ajoute l’EERS dans son communiqué, «Les manquements s’expliquent en partie par l’absence dans l’institution, à l’époque des faits présumés, de processus et de procédures adéquats».

17 recommandations formulées

La commission d’enquête temporaire a formulé au total 17 recommandations à l’intention du Synode. Comme l’a précisé Marie-Claude Ischer, ces recommandations sont de nature institutionnelle, juridique, financière, déontologique ou relèvent de l’éthique procédurale, et englobent également la gestion de crise.

Le rapport figurera à l’ordre du jour du Synode extraordinaire des 5 et 6 septembre prochain à Berne, où les membres du Synode procéderont à un examen détaillé du rapport et des recommandations.
 
Pour Rita Famos, présidente de l’EERS depuis janvier 2021, il est clair que les optimisations demandées devront être impérativement abordées et que la responsabilité de l’EERS est engagée: «Le Conseil salue notamment ces mesures parce qu’elles pourront ainsi être élaborées et appliquées de manière rigoureuse au niveau national, ce qui permettra aussi de les mettre à la disposition des Églises membres.» (cath.ch/com/ag/bh)

Bernard Hallet

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