Inde: le covid-19 aggrave les violences contre les chrétiens

Au cours du premier semestre 2021, 145 cas de violence contre les chrétiens en Inde ont été documentés dans un rapport publié le 23 juillet 2021 par la Commission pour la liberté religieuse de l’organisation évangélique indienne Evangelical Fellowship of India (EFI). Le document pointe également l’impact de la pandémie du covid-19 dans l’aggravation des violences à l’encontre des chrétiens.

«Il est déconcertant que ces incidents se soient produits au moment même où le pays est à nouveau frappé par la deuxième vague de la pandémie, qui a touché, en particulier, les villes métropolitaines dont la capitale nationale, New Delhi», déclare le révérend Vijayesh Lal, Secrétaire Général de la Fellowship of India’s Religious (EFI).


Selon l’agence Fides, la violence détaillée dans le rapport fait état, entre autres, de trois homicides, de 22 attaques contre des églises, de 20 cas, dans les zones rurales, d’ostracisme ou de boycott social contre des familles qui avaient refusé de renoncer à leur foi chrétienne. Des menaces et de fausses accusations de conversions ont suivi, ainsi que des cas d’exclusion sociale et de discrimination pour des motifs religieux.


Selon le rapport, l’État du Madhya Pradesh est en tête de liste avec 30 cas en termes de répartition géographique. Cet État, qui compte de vastes zones forestières où vivent des tribus, a été l’un des premiers à promulguer des «lois anti-conversion». L’État voisin de l’Uttar Pradesh, qui a continué, enregistre 22 cas, tandis que les États du Karnataka et du Chhattisgarh, également polarisés par une décennie de campagnes politiques de division religieuse, signalent 14 et 13 cas chacun.

Impact du covid-19


La pandémie de covid-19, qui a eu un impact sérieux sur la collecte de données, les enquêtes de terrain et même la solidarité avec les victimes dans les villages reculés, semble avoir fourni à la police un stratagème pour ne pas enregistrer les cas – la police a généralement été réticente à enregistrer les cas de violence contre les chrétiens.

L’accès aux tribunaux pour obtenir justice a également été limité. La violence a également été facilitée par l’absence de la société civile dans les rues, les militants ne pouvant pas se déplacer en raison des restrictions et des blocages causés par le Covid.


Expansion des loi anti-conversion

L’évolution la plus alarmante, note le rapport, a été l’expansion des «lois sur la liberté de religion», plus connues sous le nom de «lois anti-conversion». Précédemment approuvées et appliquées dans sept États indiens, elles ont maintenant été étendues à plusieurs États gouvernés par le Bharatiya Janata Party (BJP, parti du Premier ministre indien Narendra Modi).

Ces lois visent les minorités chrétiennes et musulmanes, dans ce dernier cas sous le prétexte d’enrayer le «Love Jihad». Il s’agit d’un terme inventé il y a quelques années pour stigmatyser les mariages entre hommes musulmans et femmes non musulmanes, en particulier celles appartenant aux castes supérieures hindoues. Ces lois punissent ostensiblement les «conversions religieuses forcées ou frauduleuses», mais dans la pratique, elles servent à criminaliser toutes les conversions, en particulier dans les zones non urbaines.

L’Uttar Pradesh est devenu le huitième État indien à adopter une loi anti-conversion. Des lois similaires sont en vigueur dans les États d’Odisha, Madhya Pradesh, Chhattisgarh, Gujarat, Himachal Pradesh, Jharkhand et Uttarakhand. Les États d’Arunachal Pradesh et du Rajasthan ont adopté des lois anti-conversion qui ne sont pas en vigueur pour diverses raisons, tandis que le Tamil Nadu a adopté puis abrogé une loi anti-conversion.


En réponse à plusieurs pétitions, la Cour suprême de l’Inde a accepté d’examiner la validité constitutionnelle des lois promulguées par l’Uttar Pradesh, mais elle a déclaré que ces lois devaient d’abord être contestées par la Haute Cour des États respectifs.


Des campagnes menées par des groupes nationalistes liés à l’idéologie de l’Hindutva (»hindouisme», qui prêche une Inde exclusivement hindoue) font pression pour qu’une loi contre la conversion religieuse soit introduite au Parlement, afin d’être adoptée sur une base fédérale. (cath.ch/fides/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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