Le parcours de Ricardo Andrés Fuentes Pizarro est pour le moins atypique. Né en 1982 à Viña del Mar, au Chili, il grandit dans une famille catholique pas très pratiquante. C’est néanmoins pendant ses cours de catéchèse qu’il prend conscience d’un appel à devenir prêtre, mais il souhaite d’abord fonder une famille. «J’ai demandé à Dieu de pouvoir rencontrer une fille, pour être sûr que si j’entrais plus tard au séminaire, ce serait sans fuir une autre vocation».
L’importance qu’il accorde à la famille est aussi due à son vécu et sa propre expérience. «Quand j’étais petit, j’ai été marqué par le fait que mes parents se disputaient souvent et qu’ils étaient sur le point de se séparer. Mais en 1994, on a reçu une invitation pour écouter les catéchèses du Chemin Néocatéchuménal, dans ma ville», explique le Chilien.
27 ans plus tard, sa famille est toujours dans cette même communauté, composée d’une vingtaine de personnes de tous horizons et toutes générations. «Deux fruits que cette rencontre a suscités: ma vocation de prêtre, mais surtout, la réconciliation de mes parents, précise Ricardo. Même si Dieu ne se voit pas, il est présent dans la puissance de son amour. Et de l’amour pour ses ennemis, comme le reconnaît Gandhi».
«Même si Dieu ne se voit pas, il est présent dans la puissance de son amour.»
Ricardo Fuentes
A côté de son grand frère architecte, de son petit frère professeur d’histoire et de ses petites sœurs psychologue et avocate, Ricardo étudie la technologie médicale. «Mais je ne suis pas un grand intellectuel, je n’ai donc pas poursuivi l’université», précise-t-il. Quelques crises familiales, personnelles et existentielles le conduisent ensuite à participer aux Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Cologne en 2005, suivies d’une rencontre vocationnelle en Italie.
Pendant ce séjour en Europe, il sent un appel très fort de Dieu à la prêtrise mais il tombe également amoureux d’une Italienne, avec laquelle il garde contact. Le séminaire attendra. De retour au Chili, il s’engage six mois comme animateur laïc en Église, en compagnie d’un prêtre et d’un diacre, avant de rejoindre le séminaire Redemptoris Mater de Toulon, en France.
Après trois ans d’études de français, de philosophie et de théologie propédeutique à Toulon, Ricardo commence à être envoyé en mission: deux ans au Cameroun, une année en Israël, une année au Chili et encore deux ans dans la partie méridionale de la France.
En 2016, les formateurs de Toulon demandent à Ricardo de retourner vivre une année au Chili, seul dans une maison, avec un travail, avec une voiture, en se tenant ouvert et prêt au mariage. «J’ai eu une liberté totale pendant cette année, en développant une amitié très proche avec une collègue, mais tout en étant confirmé de mon appel à la prêtrise. Après cette année, je peux dire en toute confiance que si la mission est trop dure, Dieu est toujours là et Il pourvoit le merveilleux don de la chasteté», confie le nouveau diacre.
D’un commun accord avec ses formateurs, Ricardo retourne donc au séminaire, où, pendant une année, il est au service d’un prêtre à la retraite, comme soignant, assistant, chauffeur et cuisinier, à Montpellier. En 2017, il est envoyé dans le noyau formateur du nouveau séminaire Redemptoris Mater de Fribourg.
Ils démarrent à deux, puis trois séminaristes, logés dans des familles de la région fribourgeoise, avant de pouvoir bénéficier, début 2020, d’un appartement pour pouvoir véritablement vivre en communauté. A côté des cours à l’université, les séminaristes refont la peinture et s’occupent de divers travaux d’emménagement. Et quand Ricardo a un moment pour lui, il se retrouve volontiers «en intimité avec la Bible» ou écoute un morceau de musique, en particulier un air d’opéra, dont il est très friand.
Ricardo Fuentes a été ordonné diacre le dimanche 11 juillet à l’église du Christ-Roi, à Fribourg. A 38 ans, il va intégrer la paroisse de la cathédrale de Fribourg, dans l’équipe pastorale de l’Unité pastorale Notre-Dame. Il devrait être ordonné prêtre avant fin 2021.
Ricardo voit le Chemin Néocatéchuménal «comme un échafaudage que l’on fixe sur le mur d’une église, là où il s’abime. Et lorsque le mur est consolidé et réparé, l’échafaudage est appelé ailleurs».
«Pour moi, la famille est l’image humaine de la Trinité»
Ricardo Fuentes
Comment le ministre ordonné voit son engagement futur? «Je dois maintenant tout apprendre, déjà en tant que diacre. Je dois suivre les autres et je ne viens pas pour imposer mes idées. Dieu m’aime tel que je suis, avec tous mes défauts, alors je dois aussi me donner tel que je suis».
Dans quel domaine Ricardo mettrait l’accent dans sa mission? «La famille. En écho à ma propre histoire, j’aimerais participer à la reconstruction de beaucoup de familles. Pour moi, la famille est l’image humaine de la Trinité». (cath.ch/gr)
Séminaire Redemptoris Mater
Le séminaire Redemptoris Mater de Fribourg est un séminaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, érigé par Mgr Morerod en 2018. Il forme les vocations issues des communautés néocatéchuménales en vue de la prêtrise au service de la mission universelle de l’Église.
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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