René Brülhart portait deux casquettes

L’accusation d’abus de pouvoir portée contre le Fribourgeois René Brülhart par les procureurs du Vatican, le 3 juillet 2021 dernier se précise. Le président de l’Autorité d’information financière du Vatican aurait bénéficié en même temps d’un mandat de consultant auprès de la Secrétairerie d’Etat. Le soupçon porte sur un potentiel conflits d’intérêts entre les deux fonctions.

L’enquête des procureurs du Vatican porte sur un potentiel conflit d’intérêts pour l’ancien chef de l’Autorité de surveillance financière du Saint-Siège (AIF), explique le média en ligne américain The Pillar. René Brülhart, qui a été président de l’AIF jusqu’en novembre 2019, a été rémunéré pendant la même période en tant que consultant par la Secrétairerie d’État.

Cette double situation pourrait être considérée comme une violation de l’impartialité requise pour le travail de Brülhart dans le domaine de la surveillance et de la répression financière.

Mandat de la Secrétairerie d’Etat

La relation financière de René Brülhart avec la Secrétairerie d’Etat a été confirmée par son avocat le 12 juillet 2021. Il a affirmé que l’arrangement était légal et qu’un contrat entre son client et des responsables de la Secrétairerie d’État était en possession des procureurs du Vatican. Mais selon deux sources au sein du Vatican, les questions relatives au double rôle de René Brülhart sont restées sans réponse et sont certainement au centre de l’enquête.

Selon une source vaticane, René Brülhart était payé au moins 300’000 euros par an pour son travail en tant que président de l’AIF qui l’occupait l’équivalent de deux jours par semaine.

La même source a déclaré que, dans le même temps, René Brülhart a reçu de la Secrétairerie d’État un mandat de consultant, pour un montant similaire. Étant données les relations d’affaires de la Secrétairerie d’Etat avec les institutions financières relevant de l’Autorité de surveillance dirigée par René Brülhart, entre autres l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), de potentiels conflits d’intérêts existaient.

Le paiement de ce mandat de consultant aurait été organisé par le cardinal Angelo Becciu, alors substitut de la Secrétairerie d’État. Ce versement n’aurait pas été porté à la connaissance du Secrétariat à l’économie du du Vatican, chargé par le pape François de réformer les procédures comptables et administratives du Vatican.

Un contrat signé par le cardinal Parolin

Selon l’avocat de René Brülhart, les suggestions selon lesquelles les liens de son client avec la Secrétairerie d’État ont été tenus secrets sont «sans fondement et choquantes». Il a nié également que le mandat de consultant ait été géré par l’intermédiaire de Becciu.»En fait, la relation contractuelle entre René Brülhart et la Secrétairerie d’État a été réglementée par un contrat signé par le cardinal Pietro Parolin», a déclaré l’avocat à The Pillar. Selon lui il est facile de vérifier comment le contrat envisage à la fois l’activité de l’AIF et celle de consultant pour la Secrétairerie d’État. Après avoir examiné l’acte d’accusation de 488 pages, The Pillar indique n’avoir pas été en mesure de vérifier cet élément.

Un Suisse au-dessus de tout soupçon?

Retrouver le nom de René Brülhart parmi ceux qui seront jugés à partir du 27 juillet a été une surprise. Le Fribourgeois jouit d’une réputation bien établie en matière de lutte contre la corruption dans les milieux bancaires européens. Il a affirmé que les accusations portées contre lui étaient une «erreur de procédure». Il a déclaré que dès qu’il aura la possibilité de présenter sa défense, les accusations contre lui «disparaîtront comme la brume au soleil.»

Le Suisse a été président de l’AIF de 2014 jusqu’à son départ controversé en novembre 2019. À l’époque, on ne savait pas s’il avait été licencié ou s’il avait démissionné, le Vatican ayant insisté sur le fait qu’il était parti à la fin d’un mandat préalablement convenu.

Son départ faisait suite à une descente controversée des gendarmes du Vatican dans les bureaux de l’AIF en octobre 2019, au cours de laquelle des ordinateurs et des dossiers avaient été saisis dans le cadre de l’enquête sur le scandale immobilier de la Secrétairerie d’État à Londres. (cath.ch/The Pillar/mp)

Rédaction

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