Par Raphaël Zbinden
Morgane en est persuadée, son lumineux sourire est le premier témoignage de sa foi. Au moment où cath.ch la rencontre, dans un café de Neuchâtel, il paraît évident que ce rayonnement ne la quitte jamais. «La foi, c’est une force qui peut changer notre vie vers le meilleur. Et refléter cette joie est à mon sens une façon essentielle de le faire comprendre aux autres».
Si la joie est maintenant sa compagne de route, la jeune Chaux-de-fonnière se souvient avec une ombre dans les yeux que cela n’a pas toujours été le cas. Sa vie spirituelle n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a plutôt eu le relief qui compose le paysage de sa région, avec des sommets et des vallées.
Morgane est née dans une famille croyante, mais peu pratiquante. Le principal acte de religiosité était la traditionnelle prière du soir. Une routine qui, loin de l’ennuyer, l’a profondément marquée, permettant à une première graine de foi de germer.
«Déconnectée de Dieu, je me suis rendue compte que j’étais malheureuse»
Mais en grandissant, la pratique cesse et la jeune fille met sa vie spirituelle de côté. «A ce moment-là, j’ai été comme séparée de la joie de vivre. J’avais perdu cette lumière spontanée de l’enfance.»
A l’âge de 18 ans, elle a cependant l’occasion de se rendre à Lourdes. Devant la statue de la Vierge, dans la Grotte, elle se sent alors soudain enveloppée par l’amour qui émane de la Mère du Christ. Une révélation qui arrache d’un seul coup toutes les mauvaises herbes accumulées autour de sa foi première. Depuis lors, Morgane assure que sa dévotion est plutôt mariale, la Vierge étant une porte d’entrée privilégiée vers l’amour du Christ et de Dieu. Elle se rend compte qu’en cessant de prier, elle s’était «déconnectée» de Dieu, et que cela la rendait malheureuse.
Elle décide ainsi de faire sa confirmation. Dans ce sillage, la messe du dimanche lui devient pratiquement indispensable. Elle décide d’assumer pleinement à ce moment-là le fait d’être croyante.
La flamme allumée a été si puissante que les «vallées» de l’existence ne parviennent pas à assombrir son quotidien. Même marquée par une récente séparation sentimentale, elle assure avoir gardé sa joie intérieure. Une force qu’elle entretient aussi par la prière, cette héritage de l’enfance qu’elle a retrouvé avec le retour de sa foi. Un geste tout sauf anodin et superficiel, qui a au contraire une action bien concrète dans le monde.
Morgane confie ainsi prier constamment et pour toutes sortes de choses. Dans son métier d’enseignante, ses élèves sont fréquemment dans ses prières. De manière générale, sa foi l’inspire pour guider les enfants, avec des retours parfois «magnifiques et émouvants».
Une foi en elle si abondante, qu’elle ne peut vivre sans la partager. C’est ainsi qu’elle a rejoint, il y a quelques années, le Conseil de communauté de La Chaux-de-Fonds. Un organe où elle s’efforce de propager son dynamisme et de promouvoir la jeunesse. Elle a ainsi fondé le «Groupe de partage», dans l’objectif de rassembler les jeunes de la région désireux de vivre leur foi en communauté. Une démarche dont le succès l’a en fait plutôt surprise. «J’ai découvert qu’il y avait un réel besoin pour les jeunes d’être en contact avec d’autres qui ont également la foi. Ils vivent souvent dans des environnements où il est difficile d’exprimer leur spiritualité».
Aujourd’hui, le groupe Whatsapp compte 33 membres et il se réunit régulièrement pour pratiquer diverses activités. Ce sont des moments d’adoration, avec ou sans musique, des temps d’échanges, de louanges, autour d’un feu de torrée ou lors d’un pique-nique. Morgane a bon espoir d’agrandir encore «Le Groupe de partage». «A la sortie de la messe, je cours après les jeunes que j’ai vus à l’office. Souvent, ils sont intéressés par notre groupe. Ils ont une ‘soif’ de s’engager, de vivre plus pleinement leur foi, mais ne savent souvent pas comment faire». Un lien très fort s’est maintenant tissé au sein du Groupe, assure sa fondatrice.
Morgane a lancé de nombreuses idées au sein du comité pour intensifier la vie paroissiale. Un projet consistait à placer des cordes dans les rangées arrières de l’église, afin d’amener les personnes se vers les premiers bancs. «Avec l’arrivée du Covid, malheureusement, nous avons dû faire exactement le contraire, séparer les gens. Mais j’ai bon espoir que nous pourrons bientôt mettre ce projet en place».
«La vie est évolution, et si l’on ne change pas on dépérit»
Le but général est de renforcer, au niveau local, l’esprit d’unité et de communauté. En cela, elle se réjouit de l’arrivée prochaine de l’abbé Christophe Godel à la tête de l’UP des Montagnes Neuchâteloises. Ce dernier va en effet rejoindre le Jura neuchâtelois après avoir occupé pendant six ans le poste de vicaire épiscopal pour le canton de Vaud. «Tous les prêtres que nous avons eus ont apporté ce qu’il fallait à leur moment, avec leur propre charisme. Mais je crois qu’avec l’abbé Godel, nous allons vers une nouvelle phase où la vie communautaire pourra prendre toute son ampleur», souligne Morgane Grandjean.
Pour elle, il est ainsi essentiel de ne pas avoir peur des changements. «La vie est évolution, et si l’on ne change pas on dépérit. Beaucoup de jeunes voudraient une Eglise plus vivante, notamment dans la liturgie. Peut-être qu’en cela on devrait s’inspirer des Eglises d’autres continents, comme l’Afrique.»
Malgré son nom, Morgane n’a pas de baguette magique pour créer tout cela, mais nul doute que sa confiance et sa joie continueront à diffuser pendant longtemps leur magie dans les Montagnes Neuchâteloises. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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