Qui de nous n’a pas fait l’expérience d’une rencontre où le dialogue s’avère difficile, simplement parce que les interlocuteurs ne sont pas sur la même longueur d’ondes? Nous découvrons souvent de telles situations dans l’évangile de st Jean entre Jésus et les pharisiens, Jésus et la foule et même Jésus et les disciples. C’est bien le cas dans l’épisode de ce dimanche.
La foule part à la recherche de Jésus. Démarche bien compréhensible, si l’on se rappelle qu’elle vient d’être rassasiée lors de la multiplication des pains. Mais Jésus n’est pas dupe: vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains.
Ces pains étaient donc un signe. Ils ont mangé, vu, touché le signe mais ils ne l’ont pas compris. Alors Jésus leur parle de cette nourriture terrestre et périssable qui se perd et de celle qui se garde pour la vie éternelle. Cette nourriture est liée à la personne de Jésus: elle est celle que vous donnera le Fils de l’homme.
Il semble que la foule ait l’intuition qu’il s’agit d’une chose sacrée à laquelle elle doit participer par son activité: que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu? Pour les juifs, les œuvres de Dieu ce sont avant tout ce qui peut matériellement se voir: prières, jeûnes, ascèse, aumônes, etc. La réponse de Jésus est claire: l’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Jésus leur propose une activité tout intérieure qui n’est pas un concept abstrait, mais ce qu’il faut faire spirituellement et réellement: croire en celui que Dieu a envoyé.
«Qui parmi nous n’a jamais demandé de signes à Jésus? Des signes qui soient des preuves. Or la recherche de preuves détruit l’amour!»
A cette étape la foule pressent qu’il y a une relation particulière entre Jésus et l’Envoyé de Dieu. Alors elle pose ses conditions et rappelle à Jésus l’épisode de la manne au désert, ce pain venu du ciel et elle réclame un signe. Jésus précise que ce n’est pas Moïse qui a donné la manne, ce pain venu du ciel: c’est mon Père qui vous donne le vrai pain. Le miracle de la multiplication ne leur suffit pas. Ils réclament un autre signe. Le pain multiplié n’était qu’un pain terrestre; ils attendent maintenant le pain du ciel, c’est-à-dire un prodige céleste, qu’on attend du Messie à venir.
Alors Jésus poursuit son exégèse: la nourriture divine dont la manne du désert était image et prophétie, c’est lui-même, descendu du ciel pour donner la vie au monde: moi, je suis le pain de la vie, Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif.
A nous maintenant de vivre de cette foi et d’accueillir Jésus sous les apparences du pain à chaque Eucharistie. Mais avouons-le, qui parmi nous n’a jamais demandé de signes à Jésus? Des signes qui soient des preuves. Or la recherche de preuves détruit l’amour!
Écoutons plutôt st Jean de la Croix nous dire: «J’ai tout dit en ma Parole, qui est mon Fils, je n’en ai pas d’autre que je puisse maintenant répondre ou révéler qui soit davantage que cela; regarde-Le seulement parce que je t’ai tout dit et révélé en lui, et tu y trouveras encore plus que tu ne saurais souhaiter. Tu veux une parole ou une révélation qui n’est qu’en partie; et si tu le regardes bien, tu y trouveras tout».
Sœur véronique | Vendredi 30 juillet 2021
Jn 6 24-35
En ce temps-là,
quand la foule vit que Jésus n’était pas là,
ni ses disciples,
les gens montèrent dans les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm
à la recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé de ces pains
et que vous avez été rassasiés.
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd,
mais pour la nourriture qui demeure
jusque dans la vie éternelle,
celle que vous donnera le Fils de l’homme,
lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors :
« Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
« L’œuvre de Dieu,
c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
Ils lui dirent alors :
« Quel signe vas-tu accomplir
pour que nous puissions le voir, et te croire ?
Quelle œuvre vas-tu faire ?
Au désert, nos pères ont mangé la manne ;
comme dit l’Écriture :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
ce n’est pas Moïse
qui vous a donné le pain venu du ciel ;
c’est mon Père
qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
Car le pain de Dieu,
c’est celui qui descend du ciel
et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors :
« Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »
Jésus leur répondit :
« Moi, je suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ;
celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
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