Cette missive envoyée le 7 avril dernier a été écrite par quatre experts dont les rapporteurs spéciaux sur la torture et sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants.
Dans ce document rédigé en français, ces experts estiment que l’Église catholique protège «les agresseurs présumés de la justice laïque en faisant obstruction aux procédures judiciaires» et «en refusant l’accès aux dossiers de l’Église documentant les réclamations contre les agresseurs». Selon eux, le Saint-Siège coopérerait en accueillant les agresseurs «au Vatican d’où l’extradition est refusée» et en transférant «les agresseurs hors des pays où ils peuvent être poursuivis».
Dans ce courrier, les rapporteurs font état, chiffres à l’appui, de cas d’abus en Allemagne, Belgique, France, Chili et Mexique, Argentine et Colombie. Ils rappellent également qu’une première missive des Nation unies soulignant des cas d’abus commis par des membres du clergé en Australie, États-Unis, Pologne, Irlande et Pays-Bas et envoyée au Vatican en 2019 est restée lettre morte.
Les quatre experts font encore part de leurs «préoccupation face aux tentatives soutenues des membres de l’Église catholique de saper les efforts législatifs visant à améliorer la justiciabilité de la violence sexuelle contre les enfants dans les juridictions nationales » et évoque même un «lobby exercé par les membres de l’Église pour conserver les délais de prescription de ces crimes». Ils demandent donc instamment à l’Église de mettre fin aux pratiques visant à réduire l’accès des victimes à la justice pour des violations subies.
Selon eux, les concordats et «autres accords négociés» par le Saint-Siège avec d’autres États limiteraient la capacité de l’Église à interroger les personnes soupçonnées. Ils demandent au Vatican de cesser leurs pratiques «d’obstruction» et de collaborer davantage avec les autorités judiciaires des pays concernés.
La lettre salue toutefois «les nouvelles règles établies par le Saint-Siège pour abolir le secret pontifical dans les cas d’abus sexuels» et le signalement de ces abus et de leur dissimulation auprès des supérieurs du clergé tout en déplorant que la demande de signalement aux autorités civiles ne soit pas encore «obligatoire».
Le document fait enfin référence à l’affaire du petit séminaire Saint-Pie-X actuellement en cours au tribunal de l’État de la Cité du Vatican. Ignorant qu’il s’agit d’une affaire d’agression commise par un mineur sur un mineur, les experts disent avoir pris note des premières poursuites engagées et demandent aux autorités compétentes de «poursuivre pénalement tous les cas présumés d’abus sexuels sur des enfants» ou de dissimulation afin d’envoyer un «signal clair».
La missive se conclut par dix observations formulées à l’impératif demandant au Vatican de rendre des comptes sur différents points. (cath.ch/imedia/cg/bh)
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