Marie-Dominique Goutierre vient d’être renvoyé définitivement de l’état clérical par un décret du 29 avril 2021 de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Il a aussi été exclu de sa communauté par décision du prieur et de son conseil. Mais l’affaire remonte à plus de vingt ans, rapporte le quotidien La Croix.
Marie-Dominique Goutierre avait fait l’objet de plusieurs plaintes de la part de frères et de sœurs de Saint-Jean ainsi que d’une laïque majeure, pour abus de conscience et agressions sexuelles dans le cadre de son autorité. Les faits s’étalaient sur une vingtaine d’années depuis le début des années 1990.
Né en 1962, Laurent Goutierre est entré à 20 ans à Saint-Jean. Il a pris en religion le même nom que le fondateur, le Père Marie-Dominique Philippe devenant le dépositaire de sa pensée, Nommé maître des études en 1990, il a assuré de nombreuses responsabilités dans sa communauté jusqu’en 2004. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages de spiritualité.
En 2010, il se voit imposer par le Prieur général Jean-Pierre-Marie une interdiction d’enseigner pendant trois ans, avant d’être remis en fonction par le nouveau prieur général Thomas Joachim. Saisie en 2010 par le cardinal Philippe Barbarin, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait émis un premier jugement en 2013. Le Père Goutierre avait fait appel, ce qui a abouti à un nouveau décret, en 2016, lui interdisant pour cinq ans de donner les sacrements, de célébrer la messe en public, d’enseigner et de publier. Cette condamnation reposait sur l’accusation d’abus sexuels et sur celui de l’absolution des complices.
Le décret indiquait aussi qu’il devait, durant cette période, résider dans une autre communauté que la sienne. Il a sollicité alors l’Abbaye de St-Maurice qui a accepté de le recevoir en toute connaissance de cause, a confirmé à cath.ch le prieur Roland Jaquenoud. Il a donc intégré la communauté valaisanne. «Nous n’étions pas pour autant ses supérieurs, car il est resté sous l’autorité de la communauté St-Jean.»
Le Vatican a finalement décidé de son renvoi de l’état clérical après avoir pris acte du fait qu’il ne respectait pas les sanctions imposées. Il continuait notamment à accompagner en secret quatre anciennes contemplatives de Saint-Jean installées non loin de l’abbaye. «Sa désobéissance répétée à ces sanctions, qui a constitué une offense supplémentaire à l’égard des personnes qu’il avait profondément blessées, fait l’objet du présent décret», indique le communiqué de Saint-Jean.
Un fait que le prieur de l’abbaye ne veut ni confirmer, ni infirmer. «Il a certes pu continuer à rencontrer ces femmes, mais je ne peux rien dire quant à l’éventualité d’une direction spirituelle. Il n’était pas ‘en résidence surveillée’. Nous n’avons reçu aucune instruction particulière le concernant». A l’Abbaye, diverses tâches lui ont été confiées, notamment à la bibliothèque.
Roland Jaquenoud indique que la condamnation actuelle résulte d’un nouveau procès introduit par son diocèse d’origine à Autun et la Communauté St-Jean, une cause dans laquelle l’Abbaye de St-Maurice n’a pas du tout été impliquée. Il s’étonne cependant que cette condamnation intervienne avant que ses cinq ans de peine ne soient achevés. Le prieur tient a affirmer sa parfaite neutralité dans cette affaire.
Pour l’heure Marie-Dominique Goutierre réside toujours à l’Abbaye, «mais du fait de sa condamnation, il est désormais libéré de toute obligation religieuse», note le prieur. «Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il va faire. Mais même après son exclusion, sa communauté reste tenue de le soutenir dans sa réinsertion dans la vie civile.» (cath.ch/cx/mp)
Maurice Page
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