Elections en Iran: les chrétiens ne veulent pas voter

Les chrétiens d’Iran, ainsi qu’une grande partie de la population musulmane, seraient réticents à participer aux élections présidentielles qui se déroulent le 18 juin 2021. Le scrutin est perçu comme «verrouillé» par la minorité radicale du pays.

«Jusqu’à 70% des Iraniens ne voteront probablement pas», assure Asal (prénom d’emprunt), une chrétienne iranienne vivant en exil en Suisse, interrogée par l’ONG de défense des chrétiens «Portes Ouvertes». Les chrétiens iraniens ne veulent pas participer aux élections présidentielles, assure Asal, en raison de leur situation économique et politique.

L’Iranienne soutient qu’il est difficile d’anticiper ce qui va se passer. «Récemment, notre parlement a été élu, mais seule une faible proportion des électeurs est allée voter». En fin de compte, dit-elle, le gouvernement fait ce qu’il veut. «Les autorités peuvent augmenter ou diminuer le nombre de votes exprimés en fonction du ‘besoin’.»

«Un vote factice»

Les chrétiens sont une petite minorité en Iran. «Qu’ils votent ou non ne fait aucune différence sur le résultat. Ils subissent parfois l’injonction d’aller voter. Mais la plupart du temps, ils ne votent pas.»

En fin de compte, relève Asal, il ne s’agit pas de choisir un candidat ou l’autre. «Voter se résume à signer un papier. Car en coulisses, le Conseil de surveillance a déjà décidé qui sera le nouveau président. Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique, sait qui il veut nommer.» À aucun moment les citoyens ne votent vraiment, assure-t-elle.

En attendant la liberté

Il n’y a pas de révolution civile en vue en Iran, assure la chrétienne, «les gens subissent trop de pressions. Cela n’aura pas lieu, à moins que tous les fronts ne s’allient. Mais si des gens descendent dans la rue dans telle ou telle partie du pays, ils peuvent finir en prison ou tués. C’est pour ça que ça n’arrive pas.»

Une vague de protestations plus importante serait également compliquée par le fait «que la population est composée de 40% de musulmans plutôt radicaux et de 60% de modérés. Mais le pouvoir est actuellement aux mains de ces 40%, qui étouffent le débat. Nous devons peut-être attendre qu’ils changent d’avis, avant que le peuple iranien puisse prétendre à davantage de libertés.»

Le candidat ultraconservateur ultra-favori

Près de 60 millions d’Iraniens sont appelés aux urnes pour élire le 18 juin un successeur au président Hassan Rohani, souligne le journal libanais L’Orient-le Jour. Le scrutin se déroule dans un contexte de grave crise économique et sociale exacerbée par la pandémie de Covid-19. Sur quelque 600 dossiers de candidatures, le Conseil des gardiens a autorisé sept hommes à se présenter aux suffrages des Iraniens. Il n’en reste néanmoins plus que quatre en lice après le retrait de trois candidats, dont deux ont appelé à voter pour l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire. Celui-ci fait figure d’archifavori.

Au 8e rang de l’index mondial de persécution

L’Iran se classe au 8e rang de l’index mondial de persécution. Alors que des communautés chrétiennes existent dans ce pays depuis le premier siècle de notre ère, elles ont été marginalisées avec la montée de l’islam, mais ont survécu jusqu’à aujourd’hui.

Ces dernières années, le nombre de musulmans qui se sont convertis au christianisme a fortement augmenté. Ils sont en première ligne des pressions de leur gouvernement. (cath.ch/com/olj/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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