L’an dernier, l’évêque de Rome avait exhorté les chrétiens à profiter du dépouillement provoqué par la pandémie pour faire une authentique expérience d’humilité. Cette année, méditant sur une parole du Christ — «Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous» (Mc 14,7) —, le pape a appelé à une «conversion» du regard et un «changement de mentalité», afin de venir au secours des pauvres de notre époque.
Notre époque, déjà caractérisée par une «culture de l’indifférence et de l’injustice» à l’égard des pauvres, trop souvent considérés comme un «fardeau» économique et social, a été récemment frappée d’un fléau qui a encore multiplié les pauvres: la pandémie. Aggravant les formes de pauvreté ou en créant de nouvelles, l’épidémie met en crise le mode de vie individualiste, «complice de la pauvreté» selon le pontife, et nécessite donc une «approche différente de la pauvreté».
Toute approche de la pauvreté, rappelle l’évêque de Rome, doit se fonder sur la figure du Christ, le premier pauvre, «le plus pauvre parmi les pauvres parce qu’il les représente tous». Signe concret de la présence du Christ parmi les hommes et «sacrement du Christ», les pauvres sont les «véritables évangélisateurs», puisqu’ils ont été les premiers à être évangélisés.
Pourtant, force est de constater, «avec une grande humilité», que, tel Judas lors du repas de Béthanie, «nous sommes souvent des incompétents devant les pauvres». Face à cette incapacité, notamment de la part des dirigeants actuels, à comprendre les besoins des pauvres», le pontife appelle à «ouvrir notre cœur afin de reconnaître les multiples expressions de pauvreté et à manifester le Royaume de Dieu par un mode de vie cohérent avec la foi que nous professons».
Pour faire grandir l’attention aux pauvres, le pape François a invité à prendre exemple sur les femmes. En citant le passage d’Évangile dans lequel une femme ose verser un parfum précieux sur la tête du Christ —contre l’avis de certains apôtres qui crient au gâchis — le pape a indiqué que la sensibilité féminine «est la seule à comprendre l’état d’esprit du Seigneur».
Cette femme est, pour le pontife, sans doute «destinée à représenter l’univers féminin tout entier qui, au fil des siècles, n’aura pas voix au chapitre et subira des violences». Elle inaugurerait en outre «la présence significative des femmes qui participent aux événements culminants de la vie du Christ».
La conversion à la pauvreté consiste, selon l’évêque de Rome, à ne plus considérer les pauvres comme des personnes extérieures à la communauté, mais comme «des frères et sœurs avec qui partager la souffrance»: préférer le «partage concret» à l’aumône «occasionnelle». Tandis que la seconde gratifie celui qui donne, la première «renforce la solidarité et pose les conditions nécessaires pour parvenir à la justice».
Citant des modèles de serviteurs des pauvres tels que le Père Damien de Veuster — prêtre belge du 19e siècle canonisé et considéré comme «martyr de la charité» —, le pape François a incité les chrétiens à aller à la rencontre des pauvres, de ne pas «attendre qu’ils frappent à notre porte», mais de les atteindre chez eux, jusque «dans les rues et les coins sombres où ils se cachent parfois». Et le pontife de conclure: «La pauvreté des ‘riches’ qui pourrait être guérie par la richesse des ‘pauvres’, si seulement ils se rencontraient et se connaissaient!» (cath.ch/imedia/at/rz)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/qui-ne-reconnait-pas-les-pauvres-trahit-lenseignement-de-jesus/