«Dans l’État de Kayah, nos vies paisibles sont détruites. Les droits de l’homme et la liberté sont perdus», lance le Père Celso Ba Shwe. «Les gens fuient vers des lieux sûrs en raison des conflits armés. Nous avons tout perdu», déclare à l’Agence vaticane Fides le vicaire général du diocèse de Loikaw, qui gouverne la communauté après la mort soudaine de l’évêque Stephen Tjephe, en décembre dernier. Après le coup d’État du 1er février, les manifestations populaires et la répression menée par l’armée, la violence, dans cette région du Myanmar oriental, est généralisée.
«Nous revivons dans l’Etat de Kayah les cauchemars de la guerre civile qui a eu lieu de 1948 à 2012. Aucun endroit n’est sûr dans notre État, affirme le prêtre catholique. De temps en temps, les personnes déplacées doivent fuir d’un endroit à l’autre». Au 7 juin 2021, 23 camps de déplacés ont été créés et environ 45’000 déplacés sont pris en charge par l’Eglise catholique à Loikaw. Mais maintenant, certains d’entre eux doivent fuir vers un autre endroit. Ils sont à nouveau éparpillés», note-t-il.
En cette saison des pluies, les difficultés augmentent: «La plupart de déplacés sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, certaines femmes sont enceintes et il y a des handicapés. Passer des jours dans la jungle sans abri adéquat, sans nourriture et sans eau potable est très dangereux pour eux. Nous faisons de notre mieux pour fournir une aide humanitaire et un soutien médical qui est absolument nécessaire. Nous envisageons de construire un camp pour les personnes déplacées sur le terrain de football de notre séminaire, situé dans le centre diocésain. Cependant, même dans ce cas, leur sécurité ne peut être garantie à 100%.»
«Une autre préoccupation, note le vicaire général, est la famine imminente, car tout accès à la nourriture, aux biens et à l’essence depuis l’extérieur de l’État de Kayah est bloqué. Il y a déjà des pénuries de nourriture et d’essence. Il n’est pas sûr de se déplacer. Et c’est aussi la période de croissance des cultures. Si les gens ne peuvent pas semer et cultiver au moment opportun, alors la famine et la faim viendront sûrement.»
Le Père Celso conclut: «La population a un fort désir de voir la fin du conflit armé entre l’armée militaire birmane et la milice de la Karenni People’s Defense Force, formée par des civils qui ont pris les armes. Tous aimeraient retrouver une vie normale. Cependant, ils ont aussi un fort désir de liberté et de justice. Aujourd’hui, les gens ne voient pas d’autre option que de se défendre par tous les moyens possibles, car de nombreux civils innocents sont détenus et tués arbitrairement chaque jour.»
«Pour cela, une intervention de la communauté internationale serait importante, note le Père Ba Shwe. L’Eglise est proche de la population et n’encourage jamais la violence: nous réitérons aujourd’hui la demande d’un dialogue politique entre la junte militaire et le gouvernement civil.» (cath.ch/fides/rz)
Raphaël Zbinden
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