La lettre du pape François adopte un ton très personnel – le pontife utilise sa langue maternelle, l’espagnol, et s’adressant au cardinal en le tutoyant. Mais le choix de diffuser publiquement les mots – très forts – de l’évêque de Rome indique que ce dernier adresse son message à l’Église universelle. Il explique d’ailleurs dès les premières lignes que la crise n’est pas cantonnée au cardinal Marx, mais à l’Église d’Allemagne et, finalement, à «toute l’Église».
C’est donc l’Église dans son ensemble qui «ne peut faire un pas en avant sans assumer cette crise», assure-t-il, arguant que «la politique de l’autruche ne mène nulle part». «Nous devons prendre en charge l’histoire, à la fois personnellement et en tant que communauté», abonde-t-il. Et d’insister encore: «Tout le monde ne veut pas accepter cette réalité, mais c’est le seul moyen».
Certes, les situations historiques doivent être interprétées avec l’herméneutique de l’époque, indique le pape. «Mais cela ne nous dispense pas de les prendre en charge et de les assumer comme histoire du ‘péché qui nous enveloppe’», explique-t-il.
Le 266e pontife reconnaît que des «mea culpa» ont déjà été prononcés «plus d’une fois» et «dans de nombreuses situations», et «même si nous n’avons pas personnellement participé» aux abus. Mais pour le pape, l’heure est à une réforme qui ne consiste pas en des mots, mais en «des attitudes qui ont le courage d’affronter la crise».
Cette réforme, les hommes et les femmes doivent la mener en se laissant réformer par le Seigneur, assure le Primat d’Italie. «C’est la seule voie possible, sinon nous ne serons que des ‘idéologues de la réforme’, qui ne mettent pas leur propre chair en jeu».
Il faut donc que l’Église suive l’exemple du Christ qui a conduit la réforme «avec sa vie, avec son histoire, avec sa chair sur la croix».
Le pape François prévient: «ni les sondages» ou «l’opinion des médias» ne sauveront l’Église. Le prestige et l’argent non plus. Pour lui, «nous serons sauvés en ouvrant la porte à Celui qui peut le faire et en confessant notre nudité: ‘j’ai péché’, ‘nous avons péché’… et en pleurant, et en balbutiant du mieux que nous pouvons cet ‘éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur’». (cath.ch/imedia/hl/rz)
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