Bernard Litzler pour cath.ch
Lausanne, quartier de Montelly. Il est 19h30, ce mercredi soir. A l’église Sainte-Thérèse, guitare et flûte lancent la soirée. «Nous chantons ta gloire et nous te bénissons, en toi notre espoir, Seigneur nous te louons…»: une trentaine de jeunes chantent, espacés dans la nef en raison des règles sanitaires. «Seigneur, nous sommes en période d’examen, exprime un animateur au micro. Tu connais nos peurs: viens les apaiser». «Merci, Seigneur, de nous aider à mettre nos soucis de côté»…
Comme chaque semaine, ils sont là. Pour louer le Seigneur, écouter un enseignement ou vivre un partage d’Evangile, avant de conclure par un moment d’adoration devant le Saint-Sacrement. Leur nom? Adoray Lausanne.
Coordinatrice du mouvement, Zoé Simon, 22 ans, étudiante en école d’infirmières, raconte: «Après les JMJ de 2016 à Cracovie, deux semaines de foi avec le pape, des amis ont décidé de se rencontrer chaque mercredi pour un temps de louange, puis de souper ensemble. Ils ont appelé ce groupe «La Dalle spirituelle» pour signifier leur faim et leur soif du Christ» . D’abord installé à l’EPFL, ce groupe a rejoint la paroisse Ste-Thérèse en 2018.
«C’est un groupe fondé par des étudiants pour des étudiants, explique Matthieu Protais, 19 ans, étudiant en maths à l’EPFL. Nous sommes autogérés. Pendant 3-4 ans, c’était un petit groupe. Et on a pris notre essor ces deux-trois dernières années.» Le groupe a rejoint le mouvement Adoray, début 2020, grâce à une étudiante de Zoug, devenue lausannoise durant six mois.
D’origine suisse alémanique, Adoray, est présent dans 13 villes suisses (Fribourg, Coire, Zurich, Uznach, Lucerne, etc.). Et Lausanne a adopté le schéma de prière de ses cousines alémaniques: louange, adoration, enseignement. Mais il a conservé son qualificatif de «Dalle spirituelle».
«Un étudiant qui arrive à Lausanne après avoir quitté sa famille est souvent un peu perdu, car sa foi n’est pas encadrée, explique Matthieu. Alors c’est très encourageant d’avoir un groupe de jeunes avec les mêmes valeurs. Prier ensemble, réfléchir, discuter, c’est se créer un réseau qui partage les mêmes centres d’intérêt, la même vie de prière. On n’est pas livrés à nous-mêmes. On est guidés dans notre foi par des jeunes qui se soutiennent».
Pour la promotion, «c’est surtout le bouche-à-oreille, indique Zoé. On a aussi des flyers. On a un site Internet et une page Facebook et on fait des annonces à la fin des messes». Résultat: entre 30 et 50 jeunes viennent régulièrement. D’autres gravitent autour: «Beaucoup viennent quand ils en ont besoin, tous les deux mois, juste pour se ressourcer et repartager ce temps de prière», ajoute Matthieu. La régularité assure un ancrage. «Les jeunes peuvent se retrouver le mercredi. Et venir se confier s’ils ont besoin de discuter: ils savent qu’il y a toujours un endroit pour les écouter.»
La crise sanitaire n’a pas freiné leur élan. Au contraire. «On a créé un système de fraternités, par groupe de 4-5 jeunes, dit Zoé. Il y avait des rencontres par visioconférence. Ainsi, on pouvait continuer à se porter dans la prière». Le Covid a même permis à la «Dalle spi» de gagner en ampleur. «Les étudiants isolés avaient moins de contacts avec l’extérieur, car ils suivaient les cours en ligne. Ils avaient donc du plaisir de pouvoir discuter avec d’autres et d’être entourés.»
«Ceux qui viennent sont souvent marqués par l’esprit d’accueil et de fraternité entre nous. Ce style de prière ne convient pas à tout le monde, mais ils sont heureux de trouver des jeunes qui les accueillent et les portent dans la foi».
Etroitement liés à la paroisse, une dizaine d’étudiants sont logés dans les locaux de Ste-Thérèse. Et la communauté des Béatitudes, en charge de la paroisse, accompagne spirituellement la démarche d’Adoray. Le curé Jean-Marie Cettou est d’ailleurs présent chaque mercredi avec un confrère qui vient régulièrement de Venthône (VS). En fin de soirée, il vient installer l’ostensoir pour l’adoration du Saint-Sacrement. Le silence règne alors. Impressionnant moment d’intimité dans l’obscurité de l’église.
«Nous les accompagnons depuis 2016, explique le Père Cettou. Le premier groupe, s’est transformé en «Dalle spi» avec des jeunes qui priaient après les cours de l’Uni, au bord du lac. Ce sont les mêmes jeunes accueillis à la colocation chez nous. Et on les a accompagnés pour qu’ils puissent s’intégrer dans un groupe plus large». En Suisse alémanique, les Béatitudes encadrent également les membres d’Adoray.
«Nos orientations sont éclairées par une communauté qui nous soutient, renchérit Matthieu. Nous avons des guides pour savoir si on prend la bonne direction. C’est aussi utile pour proposer le sacrement de réconciliation ou des enseignements de qualité». Et après la prière du mercredi, une verrée réunit les jeunes pour des échanges amicaux, dans les locaux paroissiaux.
Pour aller plus loin, la «Dalle spirituelle» propose également des «Adoray-Plus», des moments autour de textes bibliques, de discussions et d’échanges. La messe du dimanche renforce également les liens entre jeunes et l’ouverture vers la paroisse.
Elément rassembleur, les 13 groupes Adoray de Suisse se retrouvent chaque automne pour un festival national. «Du sport, de la louange, de l’adoration, du fun et de la fraternité!»: c’est ainsi que résonne l’invitation lancée chaque année aux étudiants romands et alémaniques. (cath.ch/bl)
Enfants des JMJ
Le Père Jean-Marie Cettou, le curé de la paroisse de Ste-Thérèse, se perçoit comme un «éclairagiste » auprès d’Adoray Lausanne. La génération de ces 18-25 ans est, selon lui, celle dont « les parents ont connu les JMJ. Des parents qui ont toujours pris du temps pour la foi, des séminaires d’été, etc. Leurs enfants ont vécu cela et, maintenant, ils ont lancé leurs propres initiatives spirituelles».
Il y discerne des grâces particulières: se rencontrer entre jeunes, se former à la foi, prier ensemble, porter des projets spirituels et humanitaires, s’engager vers l’avenir professionnel.
Rédaction
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