Nommé le 17 mai par le Pape François, le père Stephen Chow Sau-yan succède à Mgr Michael Yeung , décédé en janvier 2019. Le profil du jésuite pourrait avoir émergé comme une figure d’ouverture et de compromis pour Hong Kong. En effet, la Compagnie de Jésus semble privilégier ces dernières années une approche culturelle à une approche purement missionnaire. C’est en tout cas ce que tend à montrer l’activité des divers centres de recherche jésuites dédiés à la Chine – comme le Centre Sèvres en France – ou du journal officiel jésuite, La Civilta Cattolica, traduit en chinois depuis avril 2020.
Le curriculum vitae du futur évêque, un natif d’Hong Kong, va dans ce sens. Il a fait des études de psychologie aux États-Unis avant de rejoindre la Compagnie de Jésus en 1984. Ordonné en 1994 dans l’enclave chinoise, il a ensuite poursuivi des études en développement organisationnel et en psychologie à Chicago puis à Harvard.
À partir de 2007, il s’est vu confier la direction de deux collèges jésuites, ainsi que de nombreux autres postes liés à l’éducation à Hong Kong. Il était depuis 2018 à la tête de la province chinoise de la Compagnie de Jésus.
Sa nomination en tant qu’évêque d’Hong Kong est hautement délicate pour le Saint-Siège comme pour le gouvernement de Xi Jinping. L’enclave hongkongaise est régie théoriquement – depuis sa rétrocession en 1997 par le Royaume-Uni à la Chine – par le modèle «un pays, deux systèmes», et constitue un îlot démocratique occidental adossé au pays communiste. Le fait que la liberté de culte soit respectée dans l’enclave en a longtemps fait pour l’Église catholique une de ses portes d’entrée privilégiées vers le Mainland.
Cependant, les choix politiques faits par Pékin ces dernières années visant à accélérer l’intégration d’Hong Kong à la Chine communiste – au mépris du traité signé avec Londres en 1997 – ont profondément bouleversé la vie de l’ancienne colonie britannique. Le dernier épisode en date, la promulgation de la loi de sécurité – qui permet au pouvoir chinois de procéder à des arrestations sans garanties démocratiques en cas de mise en danger de la sécurité nationale – a entrainé de fortes mobilisations des forces pro-démocratiques du «port parfumé», notamment de nombreuses personnalités catholiques – en particulier le cardinal Joseph Zen, ancien évêque et opposant farouche à Pékin.
Depuis la démission du précédent évêque, Mgr Michael Yeung, en janvier 2019, la nomination de son successeur était un sujet sensible, et ce d’autant plus après la signature d’accords pastoraux avec la Chine en novembre 2019. Si l’enclave n’est théoriquement pas concernée par ces accords, il est néanmoins probable qu’il y ait eu des échanges entre les deux parties en amont de cette nomination. (cath.ch/imedia/cd/cp)
Le siège épiscopal de Hong-Kong
Le territoire semi-autonome de Hong Kong compte environ 530 000 catholiques -locaux et étrangers- sur une population de 7,5 millions d’habitants. La circonscription ecclésiastique, fondée en 1841 comme préfecture apostolique puis érigée en diocèse en 1946, comprend une cinquantaine de paroisses et de nombreuses institutions caritatives. CP
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