«Il existe en fait une vieille alliance entre l’Eglise catholique et les dispositifs de lutte contre les épidémies», affirme Andrea Tornielli dans Vatican News, le 8 mai 2021. Le journaliste raconte ainsi comment le pape Pie VII a joué de tout son pouvoir temporel en faveur d’une large campagne de vaccination, alors qu’une épidémie de variole dévastait l’Italie Centrale, en 1822.
A cette époque, Un texte de loi est promulgué dans lequel le secrétaire d’Etat, le cardinal Ercole Consalvi, décrit le nouveau vaccin antivariolique comme un «don de la divine Providence» en signe de «l’amour paternel de Dieu pour le salut de ses enfants». Alors qu’aujourd’hui le mouvement anti-vaccin fait des émules, le document du 19e siècle mentionnait déjà les réticences de certains habitants des Etats pontificaux à se faire vacciner. Il dénonçait ainsi «un préjugé [anti-vaccin, ndlr.] profondément ancré, parfois plus fort chez certains parents que l’amour pour leurs enfants».
Selon la loi promulguée, il est également nécessaire qu’un père de famille présente un «certificat de vaccination» pour obtenir des subventions, des avantages ou des primes pour lui et les siens. Le refus du vaccin est défini comme une «conduite répréhensible» punissable par la perte des avantages.
Pie VII crée une Commission centrale de vaccination «pour la propagation de l’inoculation vaccinale dans toute l’extension des États pontificaux». La Commission est chargée de superviser le travail des médecins qui fournissent le vaccin et d’assurer la conservation des doses.
Un Conseil consultatif de la Vaccination est en outre établi, ainsi que des commissions provinciales de vaccination dans chaque légation. Elles doivent garantir une disponibilité suffisante des vaccins pour les distribuer gratuitement à tous les médecins et chirurgiens qui en ont besoin. Une attention particulière est accordée aux enfants, et le décret prévoit une campagne d’inoculation dans les orphelinats.
Cet ambitieux programme de vaccination ne parvient cependant pas à décoller, en raison des difficultés rencontrées pour convaincre la population, note Andrea Tornielli.
Léon XII, qui succède à Pie VII en 1823, supprime, lui, l’obligation de se faire vacciner. Ce «scepticisme» lui vaut une part de soutien dans la population. L’un des plus célèbres poètes de Rome, Giuseppe Gioachino, écrit un sonnet vantant les vertus du nouveau pape qui a «libéré» son peuple d’une invention des «francs-maçons» et rétabli la possibilité que Dieu seul décide de l’heure de la mort. Le pape Grégoire XVI, élu en 1831, relance toutefois la campagne de vaccination et l’étend à tous les prisonniers.
Après lui, Pie IX, le dernier des papes ayant eu un pouvoir temporel, poursuivra cette campagne. Face à la réapparition de l’épidémie de variole, en 1848, il promeut une campagne de vaccination spécifiquement destinée aux plus défavorisés, en impliquant les paroisses, qui sont invitées à fournir les noms des personnes vaccinées. Il ira même jusqu’à récompenser financièrement ceux qui reviennent huit jours après l’inoculation, pour faire vérifier l’efficacité du traitement.
Le pape François, avec ses appels répétés à l’accessibilité universelle du vaccin contre le Covid-19, s’inscrit donc pleinement dans la lignée de ces pontifes qui ont marché de concert avec les progrès de la médecine. (cath.ch/VaticanNews/rz)
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