Le prêtre français a insisté sur l’enrichissement personnel que permet le dialogue entre les deux religions. La foi juive constituant les «racines» du christianisme, il a relevé que «les racines sont le présent de l’arbre» et pas simplement son passé.
La judaïté de l’Église, a insisté le Père Vetö, est ce qui donne sa «sève» à «l’arbre de la chrétienté». Rappelant la visite historique de Jean Paul II dans la grande synagogue de Rome 35 ans auparavant, il a rappelé que le Polonais avait alors décrit la foi juive comme «intrinsèque» à la foi chrétienne.
Cet enrichissement vaut aussi pour les juifs: «On ne peut pas comprendre le judaïsme d’aujourd’hui sans étudier le christianisme», a ainsi affirmé le président du Centre Cardinal Bea. Il a d’ailleurs souligné l’important partenariat avec l’Université hébraïque de Jérusalem, qui doit permettre des échanges d’étudiants et de professeurs.
Le programme de formation – de niveau Master et en deux ans – a pour but d’être un «jalon» vers une meilleure connaissance mutuelle entre chrétiens et juifs, explique le prêtre français. Assurée par une équipe pédagogique composée pour une moitié d’enseignants juifs et pour l’autre d’enseignants chrétiens, la formation doit accueillir des élèves de moins de 30 ans «passionnés» par ces questions, et capables de s’exprimer en anglais et en italien. Le coût de l’année scolaire s’élève à 10’000 euros.
Les cours comprennent deux volets. Le premier, les études juives, qui représentent 70% des enseignements du cursus général. Elles consistent en une formation en histoire du judaïsme, en philosophie juive, en hébreu, en liturgie juive, en art et littérature juifs et en pensée contemporaine juive. Le second volet, celui sur les relations judéo-chrétiennes, se penchera notamment sur l’histoire des relations entre les deux religions.
Le Père Vetö a souligné la pertinence du choix de la ville de Rome pour accueillir ce centre de recherche et d’enseignement. Tout d’abord, Rome abrite la plus ancienne communauté juive d’Europe, ce qui lui donne une «dimension existentielle» pour la compréhension du judaïsme. De plus, la présence du Vatican, lieu de dialogue entre juifs et chrétiens, doit permettre de rencontrer de nombreux acteurs de ces échanges aujourd’hui. Enfin, il a mis en avant les ressources importantes dont dispose l’Université pontificale grégorienne ainsi que les universités partenaires du programme, l’Institut biblique pontifical et l’Institut pontifical oriental.
Le Père Norbert Hoffman, secrétaire de la Commission pour les relations religieuses avec les Juifs au sein du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, s’est réjoui du lancement du diplôme. Il a rappelé les mots du pape François, qui lors d’une rencontre en 2013 avait affirmé: «Nous devons impliquer des jeunes et des étudiants sinon notre dialogue n’avancera pas».
En conclusion de la présentation, deux professeurs du futur cursus ont donné un petit cours: le rabbin David Meyer a commenté un texte talmudique montrant comment on pouvait envisager, au sein du judaïsme, des apports qui lui sont extérieurs. Le professeur catholique Massimo Gargiulo a de son côté montré la relation complexe et parfois enrichissante au judaïsme dans les œuvres d’Origène et de saint Jérôme. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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