La première manœuvre consiste à ouvrir le gisant placé sous l’autel principal de l’église du collège St-Michel. Il faut ensuite briser le cachet de cire pour accéder aux restes du docteur de l’Eglise. Après avoir dévissé les quatorze vis qui le maintenaient en place, un coffret de bois doré apparaît. Il contient deux fémurs, deux tibias, une fibule et probablement un humérus du saint, couverts d’une gaze et d’un fin treillis, déposés sur un tissu de velours grenat orné de perles et de fleurs décoratives.
Avec délicatesse les restaurateurs placent le coussin dans le nouveau reliquaire créé par Frédéric Aeby. L’opération se révèle un peu délicate, car l’espace est assez juste et il faut bien sûr éviter d’abîmer les précieuses reliques du saint. Le dernier acte est la pose du nouveau sceau de cire qui scellera le reliquaire jusqu’à la prochaine translation dans plusieurs décennies ou plusieurs siècles… L’opération sera dûment protocolée par le chancelier du diocèse, Gilles Gay-Crosier.
Le nouveau reliquaire sera officiellement installé le 26 avril à la chapelle du Saint-Sépulcre de la cathédrale de Fribourg, aux côtés des bras reliquaires de saint Nicolas de Myre et de saint Nicolas de Flüe. Trois saints qui ont un lien tout particulier avec Fribourg. Notamment Pierre Canisius qui a y passé les 17 dernières années de sa vie.
Mgr Charles Morerod évêque du diocèse, le prévôt du chapitre cathédral, le chanoine Jean-Jacques Martin, le représentant des jésuites, le Père Jean-Blaise Fellay, le curé de la cathédrale Philippe Blanc, ainsi Aloys Lauper, chef de service adjoint des Biens culturels de l’Etat assistaient à ce moment rare. Tant le collège St-Michel que la cathédrale appartiennent en effet à l’Etat.
L’église St-Michel ne perd cependant pas tout puisque le crâne de Canisius est resté dans le gisant de Saint-Michel, ainsi que des cheveux, quelques objets et une prière en allemand.
Cette translation de reliques était demandée depuis longtemps par les jésuites et par le chapitre cathédral. Une première demande avait été faite par l’évêché en 1997 déjà, mais le Conseil d’Etat de l’époque avait refusé. Le Service des biens culturels a plaidé pour qu’une partie des reliques reste dans l’église Saint-Michel puisque le gisant est ici. Vide, il aurait perdu de son sens.
Après une grosse heure de manipulations, Mgr Charles Morerod a conclu par une brève prière improvisée. Il a rappelé la venue de Pierre Canisius à Fribourg pour y fonder le collège St-Michel «pour y poursuivre l’enseignement de la foi dont nous recevons les fruits aujourd’hui encore.» Il a confié à l’intercession du saint le collège et ses étudiants, la nouvelle province jésuite d’Europe centrale et le diocèse.
A sa mort le 21 décembre 1597, Pierre Canisius a été inhumé dans un caveau au pied du maître-autel de la collégiale St-Nicolas. Les jésuites réclamèrent ensuite son corps pour l’installer dans l’église du collège construite entre-temps sur la colline du Belzé. Ce sera chose faite le 31 mars 1625, comme l’atteste la pierre tombale placée dans le chœur de l’église St-Michel.
Bien que mort en odeur de sainteté, Pierre Canisius devra attendre, près de 300 ans, pour être béatifié en 1864. Ses restes sont alors déposés dans la chapelle latérale de l’église du collège réaménagée à cet effet. Au moment de sa canonisation en 1925, la question de l’emplacement de ses restes se pose à nouveau. Doivent-ils rester au collège, être déplacés à la cathédrale ou dans un autre lieu?
Finalement en 1939, la solution de les garder à St-Michel prévaut. Ils seront placés dans un gisant de l’artiste Marcel Feuillat placé sous l’autel principal. Jusqu’à ce jour de 2021, où une partie retournera à Saint Nicolas, lieu de sa première sépulture. (cath.ch/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/les-restes-de-saint-pierre-canisius-places-dans-un-nouveau-reliquaire/