Le rapport 2021 sur la liberté religieuse pointe des violations notoires de la liberté religieuse dans 62 pays parmi les 196 étudiés. Soit, un pays sur trois, contre un sur cinq lors de l’édition de 2018. L’étude fait état de graves persécutions religieuses dans 26 pays.
AED – ACN ajoute que plus de 5,2 milliards de personnes dans le monde vivent dans des pays où la liberté religieuse est souvent bafouée. Dans beaucoup d’entre eux, les minorités religieuses sont les plus visées, peut-on lire dans ce rapport élaboré par des experts internationaux indépendants et couvrant les différentes religions et croyances.
La fondation pontificale pointe du doigt en particulier les réseaux djihadistes transnationaux qui aspirent à constituer des «califats» transcontinentaux, alors que le terrorisme islamiste continue son expansion en Afrique, en particulier dans la région du Sahel. Principalement dans cette zone, «L’État Islamique» et Al-Qaïda s’associent aux milices armées locales et les radicalisent davantage, afin d’établir des «provinces du califat» grâce à des appuis idéologiques et matériels en provenance du Moyen-Orient.
Un «croissant de violence djihadiste» s’étend du Mali au Mozambique en Afrique subsaharienne, aux Comores dans l’Océan Indien, et aux Philippines, dans la mer de Chine méridionale. En parallèle, un «cyber-califat» puissant accroît son recrutement en ligne, particulièrement en Occident.
Outre la menace djihadiste, le rapport mentionne une intensification des «nationalismes confessionnels populistes». Cette montée d’un suprématisme ethnoreligieux devient une cause majeure de discriminations envers les minorités religieuses, plus particulièrement en Asie, dans des pays à majorité hindoue ou bouddhiste, comme en Inde ou au Sri Lanka. «Des mouvements de masse de nationalisme religieux oppriment les minorités religieuses, les réduisant de facto au statut de citoyens de seconde zone».
Cette inquiétante régression de la liberté religieuse est encore exacerbée par la pandémie de Covid-19, note l’œuvre d’entraide catholique. Les préjugés sociétaux préexistants vis-à-vis des minorités religieuses se sont exacerbés à cette occasion. Le rapport épingle dans ce cas des pays comme la Chine, le Niger, la Turquie, l’Égypte et le Pakistan. Accusées de tous les maux, dont la pandémie de Covid-19, ces minorités subissent une discrimination accrue, par exemple sous la forme d’un refus d’accès à l’aide alimentaire et médicale.
Les violences sexuelles, entre autres au Pakitan, sont utilisées comme une arme contre les minorités religieuses. Des crimes contre les filles et les femmes enlevées, violées et obligées à une conversion forcée, ont été enregistrés dans un nombre croissant de pays.
Pour AED – ACN, le nombre de ces violations de l’intégrité sexuelle, qui sont souvent commises en toute impunité, sont en augmentation. Ces actions alimentent les craintes qu’elles ne fassent partie d’une stratégie fondamentaliste visant à hâter la disparition de certains groupes religieux à long terme.
En Afrique, 23 pays subissent des persécutions, des violences pour motif religieux, des actes de terrorisme et des profanations de lieux de culte. 12 pays d’Afrique subsaharienne subissent des formes extrêmes de persécution, tels que les massacres.
Les cas les plus extrême de répression regroupent plus de la moitié de la population mondiale dans 12 pays d’Afrique, en Chine et au Myanmar (Birmanie) «où des enquêtes sur d’éventuels génocides sont en cours». La persécution religieuse, incluant notamment des massacres des détentions massives et des violences sexuelles, se produit dans 13 % des pays du monde.
Le rapport mentionne des discriminations religieuses dans 36 autres pays. Neuf d’entre eux connaissent une légère amélioration, tandis que dans une vingtaine d’autres, la situation s’est dégradée. Des pays où ont récemment émergé des motifs d’inquiétude quant au risque de dégradation du droit à la liberté religieuse sont «sous observation». Le rapport s’inquiète que bon nombre de gouvernements autoritaires accentuent de plus en plus la pression sur les minorités religieuses.
Thomas Heine-Geldern, président exécutif de la fondation «Aide à l’Église en Détresse» a expliqué que ce rapport est présenté le même jour à Rome et à travers le monde «afin de toucher un large public intéressé par les droits de l’homme».
La fondation pontificale veut ainsi donner «un nouvel essor à la défense de la liberté religieuse et de la dignité humaine» dans l’esprit de l’Église universelle et à la demande du pape François. (cath.ch/be/com/bh)
Rédaction
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