C’est un déplacement qui aura surpris tout le monde. Le 18 juin 2020, le pontife émérite rejoint la ville de Ratisbonne, en Allemagne, pour se rendre au chevet de son frère Georg, 96 ans, gravement malade. Lors de ce périple de quatre jours, les deux hommes célèbrent ensemble l’Eucharistie et se disent au revoir dans la plus stricte intimité.
Benoît XVI profite de ce voyage pour revoir la maison dans laquelle il a vécu en tant que professeur de théologie entre 1970 et 1977. Il se recueille par ailleurs au cimetière Ziegetsdorf, où sont enterrés ses parents et sa sœur.
Durant son séjour, le pape émérite déclenche un herpès-zona très douloureux au visage. De retour au Vatican, l’homme de 93 ans est fatigué. Dix jours plus tard, le 1er juillet, la nouvelle de la mort de son frère tombe.
Trop affaibli, le pape émérite ne se rend pas à l’enterrement, mais suit la messe via internet. Il demande par ailleurs à son secrétaire particulier de le représenter et de lire la lettre d’adieu à son frère lors de la célébration. «Béni sois-tu, cher Georg, pour tout ce que tu as fait, souffert et m’as donné!», lit alors son secrétaire particulier Mgr Georg Gänswein, visiblement très ému.
Les semaines qui suivent sont l’occasion pour Benoît XVI de se remettre de son voyage et de la disparition de son frère aîné. En novembre, son secrétaire confie à la presse qu’il se repose plus souvent «car ses forces ont diminué». L’archevêque allemand assure toutefois que le pape émérite concélèbre la messe chaque jour, prie, lit, étudie, écoute de la musique, reçoit encore quelques visites et fait sa correspondance.
Lors du consistoire du 28 novembre 2020, les onze nouveaux cardinaux emmenés par le pape François lui rendent visite dans la foulée de la cérémonie. La rencontre se déroule dans «une atmosphère d’affection».
Mais des interrogations surgissent toutefois quant à l’état de santé du pontife. La presse italienne commente les propos du nouveau cardinal Mario Grech au sortir de la visite. Le haut prélat maltais avait rapporté les paroles de Benoît XVI: «Le Seigneur m’a retiré ma parole pour me faire apprécier le silence». Une phrase surinterprétée par certains médias, qui en avaient déduit qu’il avait perdu l’usage de la parole. «Contrairement à ce que prétendent certains médias italiens, Benoît XVI n’a pas encore perdu sa voix», démine alors Mgr Gänswein, reconnaissant que la diction du 265e successeur de Pierre est «devenue très faible et maigre», depuis quelques temps déjà, mais qu’il est possible de l’entendre et de le comprendre.
Le 14 janvier 2021, le pape émérite reçoit sa première dose de vaccin contre le Covid-19. En un an de pandémie, le virus qui frappe aux quatre coins du monde n’a pas atteint le monastère Mater Ecclesiae, situé sur les hauteurs des jardins du Vatican.
Benoît XVI n’a par ailleurs pas été touché personnellement par les contraintes sanitaires, confie Mgr Gänswein. «C’est presque comme si le pape Benoît, avec sa démission il y a huit ans, avait, pour ainsi dire, décidé d’un confinement expérimental pour nous», déclare-t-il.
Un «confinement» dont la durée – plus de huit ans – étonne jusqu’au pape Benoît XVI en personne. «Il lui semblait, ainsi qu’à moi – je peux le confesser ici –, qu’il ne lui restait que quelques mois, mais pas huit ans», indique Mgr Gänswein dans des propos rapportés par le périodique allemand Die Tagespost.
À 94 ans, Benoît XVI semble posséder encore toutes ses facultés intellectuelles. En témoigne une récente réflexion sur la figure de Joseph, le père de la Sainte Famille, à qui le pape François a choisi de consacrer une année spéciale. Dans un entretien à Die Tagespost publié le 1er avril 2021, le théologien propose une lecture exégétique de la prophétie de «l’arbre de Jessé» du livre d’Isaïe, une «référence silencieuse», selon lui, à Joseph, son saint patron. (cath.ch/imedia/hl/rz)
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