Né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki, Christian Wiyghan Tumi est ordonné prêtre le 17 avril 1966 pour le diocèse de Buea, à l’ouest du Cameroun, dans la zone anglophone du pays. Puis, il poursuit des études en sciences de l’éducation, au Nigeria et à Londres, et en théologie à l’Institut catholique de Lyon. Il est d’abord vicaire de paroisse à Fiango (Kumba/ouest) de 1966 à 1967, puis professeur au petit séminaire du diocèse de Soppo, dans la banlieue de Buea, de 1967 à 1969.
De retour dans son diocèse après des années d’études à l’étranger, il est nommé recteur du grand séminaire régional de Bambui en 1973, dans l’archidiocèse de Bamenda (nord-ouest). Il remplit cette charge pendant plus de 5 ans, sans négliger cependant l’apostolat direct, et s’engage dans le mouvement œcuménique en obtenant l’estime des presbytériens et des baptistes.
Président du Conseil presbytéral diocésain, il devient le premier évêque du diocèse de Yagoua (nord), le 6 décembre 1979, diocèse érigé ce jour-là. Il est ordonné le 6 janvier 1980 par Jean Paul II (1978-2005) dans la basilique Saint-Pierre.
Nommé archevêque coadjuteur de Garoua (nord), en 1982, il devient président de la Conférence épiscopale du Cameroun en 1985. Il participe au Synode des évêques, la même année à Rome. C’est lors du consistoire du 28 juin 1988 qu’il est créé cardinal par Jean Paul II. En recevant la barrette rouge des mains du pape polonais, il devient le premier cardinal camerounais de l’Histoire. En août 1991, le pape le nomme archevêque de Douala (ouest), charge qu’il occupera jusqu’en novembre 2009.
Connu pour son zèle pastoral, le haut prélat n’a pas hésité à dénoncer avec clarté la corruption des gouvernants et élites camerounaises, la torture et les exécutions extrajudiciaires des délinquants ou supposés tels, ou encore le manque de transparence dans le débat politique dans son pays.
Dans la fin de sa vie, il a tout particulièrement œuvré pour la résolution du conflit entre le gouvernement central et la zone anglophone séparatiste, à l’ouest du pays. Alors qu’il est à la retraite, il revient sur la scène nationale camerounaise en 2018 pour inviter le gouvernement et les séparatistes à une solution concertée. En 2019, il tente également de créer un cadre de dialogue en réunissant les responsables religieux à travers la Conférence générale anglophone. L’événement, qui se heurte à l’hostilité de l’État camerounais, n’a finalement jamais lieu.
Le 30 janvier 2021, il est retenu par des rebelles armés en zone anglophone. Il est finalement libéré trois heures plus tard et revient à Bamenda le même jour, accompagné par les forces de sécurité du Cameroun.
Au lendemain de la mort du cardinal cardinal Tumi, le pape François a envoyé un télégramme de condoléances à l’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda. Dans ce message publié le 4 avril 2021, le pontife salue l’engagement courageux du cardinal «pour la défense de la démocratie et la promotion des droits humains».
Selon le pontife, le haut prélat camerounais a marqué «de manière inoubliable l’Église ainsi que la vie sociale et politique de son pays». Même parvenu à un âge avancé, il resta toujours disponible au service de la paix et de la réconciliation, a-t-il souligné. (cath.ch/imedia/cg/rz)
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