«La Parole Libérée» avait été créée en 2015 par des victimes du prêtre Bernard Preynat, renvoyé de l’état clérical en juillet 2019. Les plaintes lancées par l’association ont provoqué l’ouverture de plusieurs procédures judiciaires. L’une d’elles a abouti à la condamnation de Bernard Preynat à cinq ans de prison ferme pour avoir abusé de plus de 80 jeunes scouts, pendant des décennies. Une autre plainte contre le cardinal Barbarin pour non dénonciation d’actes pédophiles a finalement mené à sa relaxe. Suite à cela, Mgr Barbarin a démissionné et s’est exilé en Bretagne. L’action de «La Parole Libérée» a également été mise en scène dans le film Grâce à Dieu, de François Ozon, en 2018.
L’association rassemblait 80 adhérents au moment de sa dernière assemblée générale. A l’AFP, le président de l’association François Devaux a indiqué que «le plus grand aboutissement de l’action des victimes et de ‘La Parole Libérée‘ était l’émergence de la vérité, qui vient avec la création de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique (Ciase), qui pourra rompre avec l’obscurantisme». Il a également souligné que «le fait qu’on témoigne à visage découvert a pu donner du courage à d’autres».
En février 2021, l’association a publié un «livre blanc» intitulé Marianne, n’entends-tu pas tes enfants pleurer?, appelant à organiser la lutte contre les violences sexuelles. «Ce livre blanc, au-delà de toutes polémiques, grâce à notre expérience et l’aide précieuse de femmes et d’hommes de loi, permet de dresser un état des faits et d’introduire des pistes de réflexion et surtout d’action», relevait «La Parole Libérée» en février. Le communiqué à cette date faisait déjà comprendre que l’association était sur le point de disparaître. «Ceci nous permet de considérer que nous sommes allés au bout de notre engagement et de notre mission initiale», indiquait le message.
L’annonce de la dissolution de l’association survient alors que la Conférence des évêques de France, à l’issue de son assemblée plénière, a adopté onze mesures pour lutter contre la pédocriminalité dans l’Eglise. Les mesures prévoient notamment une contribution financière personnalisée aux victimes et une journée annuelle de prière pour ces dernières. D’après le quotidien La Croix, François Devaux regrette que les évêques n’aient pas attendu les préconisations de la Ciase pour lancer leur dispositif. (cath.ch/ag/cx/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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