Par Camille Dalmas/I.Média
Le poète italien place cinq évêques de Rome en Enfer, il en rencontre un nombre par beaucoup plus conséquent au Paradis. Et avant le troisième et dernier règne de la Divine Comédie, on retrouve de nombreuses figures religieuses dans le Purgatoire. Là, les papes y sont une denrée plus rare… La plupart du temps, pour Dante, le trône de Pierre mène soit à la sainteté la plus admirable soit à l’abime de la Géhenne.
Le seul représentant notable des pontifes dans le livre intermédiaire de la Divine Comédie est le pape Adrien V, dont le règne ne dura qu’un peu plus d’un mois en 1276. Dante le place, reprenant une tradition – historiquement sans fondements – de Jean de Salisbury, parmi les «avares et les prodigues». Cependant, sa présence au Purgatoire et non en Enfer serait liée au fait que, selon le chroniqueur anglais, son avarice avait disparu après son élection sur le trône de Pierre. Le pontife témoigne ainsi de sa repentance:
« Ma conversion, hélas, tarda.
En devenant pasteur romain,
J’ai su le leurre de la vie.
Avant cela mon âme était
Trop loin de Dieu et si cupide
Voilà comment j’en suis puni. »
Au Paradis, Dante, accompagné de sa tendre Béatrice qu’il a retrouvée, se trouve être guidé par le premier pontife saint Pierre. Comme il avait pu le faire avec Virgile aux plans inférieurs, c’est donc avec le «détenteur des clés de gloire» que discute le poète lors de cette ultime pérégrination.
L’ancien pécheur de Galilée le fait gravir parmi les différents «cieux», équivalents célestes des cercles de l’enfer. À un moment, il en vient à discourir de la primauté de l’évêque de Rome. Il donne en exemple son martyr et celui des papes Lin Ier, Anaclet Ier, Sixte Ier, Pie Ier, Calixte Ier et Urbain Ier.
Les papes des premiers temps ne sont pas les seuls à trouver grâce aux yeux de Dante. Il en loue même un qu’il a connu de son vivant, même s’il était bien jeune à l’époque: Jean XXI (1276-1277). Le pontife portugais est désigné par son nom Hispanus, et est placé au quatrième ciel parmi les Savants, aux côtés par exemple de saint Thomas d’Aquin. Dante souligne que l’éphémère pontife est «auteur au moins de douze livres».
C’est enfin saint Pierre qui donne le fin mot du regard sévère et moral que porte Dante sur les dérives de la papauté à son époque:
« Il n’était pas dans notre but
Que le peuple chrétien
Contre lui-même avec le pape
Ni les clés dont j’héritai
Deviennent le blason de guerre
Contre le peuple baptisé »
(cath.ch/imedia/cd/bh)
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