Comme il l’avait annoncé le 10 octobre 2020, le pape François a publié une lettre apostolique pour s’associer à la «commémoration unanime» de Dante, à l’occasion du septième centenaire de sa mort. Un siècle après l’encyclique de Benoît XV sur le poète, publiée en 1921, le pontife est revenu dans un texte long de neuf pages sur cette figure singulière de la chrétienté. Il s’est mis dans les pas de ses prédécesseurs Paul VI, Jean Paul II et Benoît XVI, pour explorer le «patrimoine d’idéaux et de valeurs» inquantifiable que renferme selon lui l’œuvre du Florentin.
Dante, explique le pape François «renvoie aux racines chrétiennes de l’Europe et de l’Occident». Mais il est aussi «un point de référence pour ce que nous voulons construire à notre époque». Dans la période actuelle, marquée «par beaucoup d’ombres, par des situations qui dégradent l’humanité, par un manque de confiance et de perspectives d’avenir», ce «prophète d’espérance» peut encore apporter «des paroles et des exemples qui relancent notre marche», estime-t-il. À son époque comme aujourd’hui, il est «le porte-voix d’un renouveau profond».
Le poète de L’Enfer «ne se résigne jamais» face aux difficultés, et n’hésite pas à montrer «les forêts obscures où nous perdons l’orientation et la dignité», souligne le 266e pape. Le pape François a d’ailleurs rappelé la présence dans l’œuvre du Florentin de «la dénonciation et la critique envers ces croyants, Pontifes ou simples fidèles, qui trahissent l’adhésion au Christ et transforment l’Église en instrument de leurs propres intérêts».
Le poète du Purgatoire met en avant la grande miséricorde de Dieu, explique ensuite le pontife. Dante est selon lui un «défenseur de la dignité de tout être humain et de la liberté comme condition fondamentale des choix de vie autant que de la foi elle-même». Suivant le mouvement ascendant du second règne de la Divine Comédie, le poète rappelle que la liberté n’est pas un but mais «une condition pour s’élever sans cesse», insiste le pape.
Le poète du Paradis, enfin, trouve dans sa «situation personnelle d’exil, d’incertitude radicale, de fragilité, de mobilité continuelle» le «paradigme de la condition humaine» comme «chemin intérieur», analyse le pape François. Si Dante est «prophète d’espérance», explique-t-il, c’est parce qu’il désigne le point d’arrivée, le but commun de l’humanité: «L’amour qui meut le soleil et les autres étoiles», c’est-à-dire Dieu.
Dante doit être non seulement lu, a insisté le pontife, mais surtout «écouté» et «imité», car le poète veut montrer à chacun «la voie droite pour vivre pleinement notre humanité». Il a vivement encouragé les enseignants à faire découvrir l’œuvre de Dante, les communautés chrétiennes à garder vivante sa mémoire, et les artistes à s’inspirer de son chemin. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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