L’opération s’est déroulée à l’aube, à Pacaraima, ville située à la frontière entre le Brésil et le Venezuela. Plusieurs dizaines d’hommes de la police fédérale et de la Police civile de l’Etat de Roraima sont entrés de force, sans aucun mandat de justice, dans des maisons accueillant des migrants. Plus de 70 personnes ont été arrêtées et expulsées.
Parmi elles figuraient 21 femmes, dont certaines enceintes, et 40 enfants, qui logeaient à la Maison Saint Joseph, un centre d’accueil géré par les Sœurs de Saint Joseph et la Pastorale du Migrant du diocèse de Roraima. D’autres jeunes mamans ont été expulsées de force d’un centre d’accueil administré par l’Église évangélique de l’Assemblée de Dieu d’Aguas Vivas. Les responsables et les agents de la Pastorale présents sur les lieux ont également été emmenés au commissariat de police.
Ces événements ont été largement relayés et critiqués sur les réseaux sociaux. Trois jours après les faits, 121 organisations ecclésiales et sociales ont publié une note dans laquelle elles ont réclamé «justice et respect de la dignité». Rappelant que les policiers ont agi sans l’autorisation de la Justice, les signataires ont souligné que le travail d’accueil et d’accompagnement effectué par les organisations n’avait rien d’illégal. «Accueillir et aider ceux qui subissent la faim, la misère et de graves violations des droits constitue un acte d’humanité».
Dans un communiqué, les organisations ont pointé les agissements des forces de l’ordre qui persécutent les migrants, alors même que «l’acte migratoire ne peut jamais être qualifié d’illégal dans la mesure où il constitue un droit universel». Même chose pour l’assistance sociale et humanitaire fournie aux immigrés en situation irrégulière par les organisations de la société civile: «elle n’est pas non plus illégale», ont martelé les signataires du communiqué.
Mgr Mário Antônio da Silva, Évêque de Roraima et 2ème Vice-Président de la Conférence Nationale des Évêques du Brésil (CNBB), a lui aussi manifesté son indignation. Il a condamné «l’intervention policière, violente, disproportionnée et sans mandat judiciaire qui a délogé plus de 70 personnes (…)». Il a surtout souligné que «le travail réalisé par tant d’organisations de la société civile, d’inspiration religieuse ou pas, compense le vide laissé de manière irresponsable par l’État (…)». «Au lieu de reconnaître, favoriser et protéger ce service rendu aux populations migrantes, nous assistons de plus en plus à une criminalisations de l’aide. Et ça, c’est inadmissible!», a-t-il conclu. (cath.ch/jcg/bh)
Jean-Claude Gérez
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