Dans une lettre ouverte publiée le 18 mars dernier, plusieurs organisations ecclésiales et sociales de République dominicaine alertent sur la situation de la migration qui a cours dans leur pays: «Nous exprimons notre préoccupation face au projet de construction d’une double clôture d’enceinte pour lutter contre la migration haïtienne irrégulière.» Annoncées devant l’Assemblée Nationale le 27 février dernier par le président Luis Rodolfo Abinader, ces mesures, «ancrées dans le paradigme de la sécurité nationale et totalement dépourvues de réflexion en termes de respect des droits», ne peuvent selon elles «qu’aiguiser les problèmes liés aux migrations».
Le document rappelle que les «éventuelles solutions concernant les problèmes migratoires adoptées par l’Etat dominicain doivent respecter les droits fondamentaux des êtres humains, en particulier les migrants haïtiens et leurs descendants». L’obligation légale est d’autant plus d’actualité que «les diverses problématiques économiques, sociales et humanitaires, exacerbées par la crise politique en Haïti, ont eu un impact très important en matière de mobilité humaine».
Les organisations signataires du document recommandent donc «de prendre des mesures qui respectent et protègent les droits fondamentaux de toutes les personnes sans discrimination de race, sexe, religion (…)» et sollicitent de la part du président Luis Rodolfo Abinader qu’il «reconsidère sa proposition de mur entre les deux pays» et invite ce dernier à «investir les fonds que requiert un tel projet dans le recherche de solutions et d’actions alternatives, ayant comme objectif le respect des droits humains».
Partageant avec Haïti l’île d’Hispaniola, au cœur de la mer des Caraïbes, la République Dominicaine compte un peu plus de 10 millions d’habitants. D’après le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), le pays comptait officiellement 500’000 migrants en 2017, travaillant la plupart dans les secteurs agricoles (canne à sucre), du tourisme et de la construction civile. Des migrants auxquels il faut rajouter 277’000 descendants d’Haïtiens, nés en République dominicaine, mais dont une bonne partie ne possède pas de papiers et qui sont considérés comme des apatrides, depuis une décision de la Cour Constitutionnelle de septembre 2013. (cath.ch/jcg/cp)
Jean-Claude Gérez
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/leglise-dominicaine-ne-veut-pas-de-mur-a-la-frontiere-avec-haiti/