De retour d’Irak, le pape François a «promis de se rendre au Liban, un pays en crise de vie», selon lui. Mgr Édouard Daher, archevêque grec-melkite catholique de Tripoli et du Liban-Nord, explique à I.Media qu’il prie pour que le pontife argentin ait la santé de visiter un pays où «la situation politique, économique, sociale et sanitaire est désastreuse».
Comment réagissez-vous à la promesse du pape François de venir visiter le Liban?
Mgr Édouard Daher: le pape François a rappelé son désir de venir au Liban en revenant d’Irak. Je voudrais d’ailleurs saluer ce voyage qui a été très important pour les Irakiens mais, plus globalement, pour tous les chrétiens du Moyen-Orient. Pour les Libanais, chrétiens ou non, il a été un signe d’espérance. Je crois que l’appel du pape à la fraternité et au dialogue entre les communautés religieuses vaut également pour le Liban. Nous prions pour qu’une telle visite se fasse chez nous et que le pape puisse nous rappeler combien il est important de vivre la fraternité, seul moyen pour assurer l’existence des chrétiens et des autres communautés ici.
Quel message particulier le pape François pourrait-il apporter au Liban?
Dans l’Eglise, les papes peuvent changer mais les messages restent les mêmes. En s’adressant aux Libanais, Jean Paul II avait assuré que le Liban était plus qu’un pays, que c’était un message. Le pape François pourrait également parler du Liban comme d’un modèle pour le Moyen-Orient, un modèle à sauver. Car aujourd’hui, la situation politique, économique, sociale et sanitaire est désastreuse et elle ne cesse de s’aggraver. Aujourd’hui, tout est en panne ici. Le souci d’un Libanais n’est pas de ‘vivre bien’ mais de ‘survivre’. La venue du pape serait comme une consolation pour tous les Libanais.
Un voyage du pape pourrait-il aider à résoudre la crise politique qui paralyse le pays depuis tant de mois?
Le pape et tous les pays amis du Liban peuvent venir nous aider. Mais je crois que la solution ne pourra venir que du peuple libanais. Après l’explosion du port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron est venu en apportant beaucoup d’espoirs. Mais il se heurte à un système politique et à des mentalités difficiles à changer.
La crise économique a renforcé le sentiment de communautarisme. Dans un monde normal, lorsqu’un responsable vole ou commet une faute, il est normal de le dénoncer et de le juger. Au Liban, si un responsable est mauvais mais qu’il fait partie de notre clan, on a du mal à le dénoncer. Nous n’arrivons pas à sortir de ce schéma. C’est un problème de mentalité et de méfiance entre les communautés. Le pape François, qui est un chef d’État sans intérêt particulier à défendre, pourrait rappeler que, sans le dialogue et la confiance, la société libanaise ne pourra pas survivre.
Vous êtes archevêque à Tripoli, une ville au nord du pays qui a beaucoup souffert du fondamentalisme islamiste. Le pape pourrait-il s’y rendre?
Tripoli est la deuxième ville du pays. La situation y est très difficile et les problèmes très nombreux. La crise économique est très importante et certains manquent de nourriture. Comme partout, quand la pauvreté prospère, des mouvances radicales gagnent du terrain. Même si elles restent minoritaires, elles se font entendre et créent un climat d’insécurité.
La visite du pape à Tripoli aurait d’autant plus d’influence donc. S’il vient au Liban, on espère qu’il puisse passer quelques heures ici pour donner à tous les habitants de cette région de l’espoir.
Le virus du Covid-19 peut-il empêcher la venue du pape?
Nous prions pour le Liban et pour le pape afin que Dieu lui donne la santé de faire quelque chose de bon pour nous. Le Covid est un vrai problème ici et il est vrai qu’il faut éviter de grands rassemblements. Mais l’Irak a réussi à organiser un voyage malgré l’épidémie. Avec des précautions, je pense qu’une visite chez nous est possible. (cath.ch/imedia/hl/cp)
I.MEDIA
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