C’est un nouveau revers de taille pour le Conseil français du culte musulman (CFCM), rongé depuis des mois par une série de différends internes. Après avoir annoncé leur retrait (voir encadré), mercredi 17 mars, du Bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM), quatre fédérations musulmanes – celle de la Grande Mosquée de Paris (GMP), le Rassemblement des Musulmans de France (RMF), Musulmans de France (MF) et la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) – ont annoncé, dimanche 21 mars, la création d’une «coordination» dans la perspective de créer une nouvelle instance représentative.
«Cette démarche a pour objectif de mener une réflexion approfondie pour la refondation de la représentation du culte musulman en France pour mieux servir les Musulmans de France», font valoir les organisations dans un communiqué commun, avant d’exhorter «l’ensemble des responsables des lieux de culte et mosquées à participer activement à ce travail de réflexion, qui permettra l’émergence d’une structure représentative du culte musulman en France, capable de répondre aux attentes et aspirations des musulmans» dans l’hexagone.
«La nouvelle instance représentative incarnera les valeurs essentielles de l’islam authentique et ouvert, dans la dignité et l’équité, en parfaite symbiose avec les valeurs et principes de la République», poursuivent les fédérations, qui précisent encore que le projet issu de «la coordination» aspirera à fonctionner «avec une gouvernance basée sur l’égalité entre les différentes sensibilités et loin de toute visée hégémonique».
Par la voie d’un autre communiqué, le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, n’a pas tardé à répliquer. Accusant les quatre fédérations de vouloir «paralyser» l’instance qu’il dirige depuis janvier 2020 et qui s’est imposée, au fil des ans, comme le principal interlocuteur des pouvoirs publics sur l’islam, le responsable religieux a déploré que celles-ci «s’auto-proclament comme la seule «porte-voix» des musulmans de France, et leur dénient le droit à la consultation et à la participation aux futures assises départementales».
Ces rencontres, «qui seront lancées prochainement […] permettront aux musulmans de France de décider par eux-mêmes du mode de gouvernance des instances représentatives de leur culte», assurait encore Mohammed Moussaoui. En début d’année, «la charte des principes pour l’islam de France», réclamée par le président Emmanuel Macron dans la foulée de son projet de loi contre le «séparatisme», avait déjà provoqué de virulentes frictions au sein du CFCM. Trois fédérations avaient alors refusé de signer la charte. (cath.ch/lcx/mt/cp)
Islam français : les causes de la discorde
Quatre fédérations musulmanes (la Grande Mosquée de Paris; le Rassemblement des Musulmans de France; Musulmans de France; et la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles) ont annoncé leur «retrait définitif du bureau exécutif du CFCM» à compter du 17 mars 2021. Raison de la discorde, une réunion, organisée, selon elles, «unilatéralement» par le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, pour désigner l’aumônier national des prisons. Mohammed Moussaoui estime qu’on lui reproche d’avoir tenu cette réunion avec, parmi les présents, des membres des deux fédérations turques -le Comité de coordination des musulmans turcs de France ainsi que Millî Görüs – qui ont refusé de signer en janvier 2021 la «Charte des principes pour l’islam de France». Le départ de ces quatre fédérations serait alors un moyen de faire pression pour que ce texte, qui ne fait pas l’unanimité chez les représentants français du culte musulman, soit ratifié par tous les membres du Conseil. CP
Carole Pirker
Portail catholique suisse
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