Le texte devrait entrer en vigueur au mois de juin 2021. L’Espagne deviendra ainsi le quatrième pays européen à avoir dépénalisé la mort médicalement assistée après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Le parlement portugais a également adopté fin janvier une loi dépénalisant l’euthanasie mais la Cour constitutionnelle a retoqué, le 15 mars, le texte qui va être renvoyé aux députés. En Amérique latine, seule la Colombie autorise l’euthanasie.
En Espagne, la future loi, qui doit être approuvée avec les voix de la gauche et du centre, autorise aussi bien l’euthanasie – c’est-à-dire lorsque le soignant provoque la mort du patient – que le suicide médicalement assisté – lorsque le patient prend lui-même la dose prescrite. D’autres pays tolèrent cette dernière solution, tout comme l’euthanasie passive, c’est-à-dire l’interruption des traitements médicaux.
Le texte espagnol prévoit que toute personne ayant «une maladie grave et incurable» ou des douleurs «chroniques le plaçant dans une situation d’incapacité» puisse demander l’aide du corps médical pour mourir et s’éviter ainsi «une souffrance intolérable».
Des conditions strictes encadrent la démarche: la personne, espagnole ou résidant dans le pays, doit ainsi être «capable et consciente» lorsqu’elle fait la demande, qui doit être formulée par écrit «sans pression extérieure» et renouvelée quinze jours plus tard. Le médecin pourra toujours rejeter cette demande s’il estime que ces critères ne sont pas remplis.
La demande doit éghalement être approuvée par un autre médecin et recevoir le feu vert d’une commission d’évaluation. N’importe quel professionnel de la santé peut enfin faire valoir «son objection de conscience» et refuser de participer à la procédure, prise en charge par le système de santé public. La future légalisation de l’euthanasie a été saluée par les organisations défendant le droit à mourir dignement et les patients pouvant être concernés.
L’Église catholique tout comme la droite et l’extrême droite, qui vont voter contre, sont vent debout contre cette réforme dont l’application suscite par ailleurs l’interrogation de certains médecins. L’euthanasie «est toujours une forme d’homicide», et «plutôt que défendre la vie», l’État «devient responsable de la mort infligée», a ainsi dénoncé la Conférence Episcopale Espagnole.
«La vie est un don, l’euthanasie un échec», affirmait ainsi un document de l’épiscopat appelant à une journée de jeûne et de prière le 16 décembre dernier, veille de l’examen du projet de loi. Las, le Congrès des députés avaient adopté le lendemain en première lecture la loi sur l’euthanasie, à une large majorité. Président de la Conférence des évêques d’Espagne et archevêque de Barcelone, le cardinal Juan José Omella était sur la même ligne. Il avait ainsi demandé plus de moyens pour les soins palliatifs, afin que «les personnes ne souffrent pas au terme de leur vie». «Si une personne sent qu’il y a des gens qui l’aident, qui l’aiment, cette personne ne veut pas mourir», avait également assuré le cardinal de 74 ans.(cath.ch/ag/bh)
Bernard Hallet
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