L’information de la mise en cause de quatre évêques polonais a été révélée le 11 mars 2021 par la télévision privée TVN24, sur la foi d’une lettre adressée par la Commission à l’avocat d’une victime d’abus. Lors d’une audition à huis clos à mi-février son client, Janusz Szymik, avait déclaré avoir été abusé par un prêtre pendant cinq ans alors qu’il était enfant dans les années 1980 dans le diocèse de Bielsko-Zywiec, dans le sud de la Pologne.
Des années plus tard, il avait dénoncé l’auteur du crime, d’abord à l’évêque local, puis, il y a une dizaine d’années, à Mgr Dziwisz, alors archevêque de Cracovie. Les responsables ecclésiastique n’avaient cependant pas pris les mesures nécessaires.
Les évêques ont rejeté ces accusations. Depuis 2017 en Pologne, les personnes qui reçoivent des informations crédibles sur des crimes d’abus sexuels sur mineur doivent immédiatement en informer la police ou le bureau du procureur. Si elles ne le font pas, elles risquent jusqu’à trois ans de prison. Mais l’application de la loi ne peut pas être rétroactive.
En janvier 2021, le bureau du procureur de Cracovie a ainsi rejeté une plainte pénale contre Mgr Dziwisz. Le procureur a estimé que le cardinal n’avait pas commis de délit parce qu’à l’époque, soit entre 2006 et 2012, il n’était pas légalement obligé de signaler à la police ou aux procureurs de telles allégations contre des prêtres. Le dégât d’image a néanmoins été considérable.
L’affaire avait déjà fait grand bruit à l’automne 2020. Mgr Dziwisz avait alors annoncé qu’il voulait rencontrer Janusz Szymik. Mais aux dires de l’intéressé, cette rencontre n’a pas encore eu lieu. Le cardinal est l’un des hommes d’Eglise les plus éminents de Pologne. Il a été secrétaire personnel du pape Jean Paul II pendant tout son pontificat (1978-2005), puis archevêque de Cracovie jusqu’en 2016.
La commission d’État créée par le parlement polonais travaille depuis novembre sur les cas d’abus sexuels sur mineurs qui lui sont signalés dans les domaines de l’éducation, de la culture, des loisirs et du sport, ainsi que dans les communautés religieuses. 53 des 190 cas traités jusqu’à présent concernent le clergé. (cath.ch/kna/mp) )
Maurice Page
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