Abus de pouvoir, actes de corruption de la part des forces de sécurité péruviennes, violences, risques sanitaires, accès limité aux besoins de base… Ce sont seulement quelques-uns des problèmes auxquels les migrants vénézuéliens sont confrontés à la frontière entre l’Équateur et le Pérou depuis plusieurs mois, selon un communiqué de Caritas Équateur publié début mars 2021.
L’œuvre d’entraide catholique évoque la situation humanitaire inquiétante à Huaquillas, ville équatorienne de 50’00 habitants en bordure de l’océan Pacifique, à la frontière avec le Pérou. «Cette ville accueille aujourd’hui le drame de milliers de migrants, en grande majorité vénézuéliens, depuis que le Pérou a ordonné la militarisation de la frontière dans le but d’arrêter et d’emprisonner ceux que les autorités surnomment les ‘marcheurs’ et qui tenteraient de pénétrer sur le territoire péruvien», explique Caritas.
L’organisme rattaché à la Conférence épiscopale d’Équateur (CEE) assure que depuis le mois de décembre 2020, le flux de migrants a considérablement augmenté. Pour le seul mois de janvier 2021, plus de 35’000 Vénézuéliens ont traversé l’Equateur en passant par la Colombie. Ils tentent pour la plupart de rejoindre le «Cône Sud», comme on nomme les pays plus développés du sud du continent (Uruguay, Argentine, Chili).
Les réfugiés rencontrent de grandes difficultés de survie. En particulier, les nombreuses personnes vulnérables dans leurs rangs, comme les femmes enceintes, les enfants de moins de 5 ans et les adultes souffrant de handicap. Sans compter les personnes qui ont contracté la Covid-19.
«Nous exigeons de l’État équatorien et des autorités locales la recherche de mécanismes d’attention à cette population migrante, afin de garantir leur vie et leur dignité, en leur permettant l’accès aux soins de base», souligne le communiqué. Caritas appelle également à une démilitarisation de la ville frontière.
Car l’État péruvien a déployé des forces conséquentes dans la région. Caritas évoque ainsi plus de 50 véhicules militaires, dont des chars de combat et des véhicules blindés. «Pour dissuader toute immigration clandestine, plus de 1’200 hommes ont également été mobilisés pour se positionner sur quelques 30 points de passages illégaux», précise Caritas. Une présence militaire massive dont l’organisme assure qu’elle a créé une situation d’urgence humanitaire dans la ville de Huaquillas.
Cette concentration de migrants vénézuéliens à la frontière entre l’Équateur et le Pérou n’est cependant pas une surprise. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), entre 500 à 700 Vénézuéliens fuient quotidiennement leur pays face à la crise politique et économique qui y sévit. Le HCR, qui souligne l’urgence d’aider «les réfugiés et migrants vénézuéliens confrontés aux traumatismes et aux difficultés», évalue à 4,6 millions les réfugiés et migrants vénézuéliens en Amérique du Sud. (cath.ch/jcg/rz)
Jean-Claude Gérez
Portail catholique suisse
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