Face aux difficultés que traverse l’Irak, il est nécessaire que ses citoyens se regardent avec leurs différences, «en tant que membres de la même famille humaine», a déclaré le pape dans son discours. C’est seulement ainsi que peut naître un «véritable processus de reconstruction». À cet égard, la diversité religieuse, culturelle et ethnique, qui a caractérisé la société irakienne pendant des millénaires, est une «précieuse ressource à laquelle puiser, non pas un obstacle à éliminer».
Après une crise, a mis en garde le Souverain pontife, «il ne suffit pas de reconstruire, il faut le faire bien, de manière à ce que tous puissent mener une vie digne». «On ne sort pas d’une crise pareils qu’avant: on en sort ou meilleurs, ou pires». C’est pourquoi la «coexistence fraternelle» a besoin du dialogue patient et sincère, protégé par la justice et le respect du droit pour être garantie.
De cette manière, a-t-il considéré, «sa stabilité peut grandir et une saine politique peut se développer, capable d’offrir à tous, en particulier aux jeunes – si nombreux dans ce pays –, l’espérance d’un avenir meilleur». En Irak, 57% des habitants ont moins de 20 ans.
«Ce n’est pas un exercice facile», a-t-il prévenu, mais l’épreuve peut être surmontée par la prière: «Dieu écoute toujours! C’est à nous de l’écouter, de marcher dans ses voies», a-t-il lancé. «Que se taisent les armes! Que la diffusion en soit limitée, ici et partout! Que cessent les intérêts partisans, ces intérêts extérieurs qui se désintéressent de la population locale», a encore martelé le successeur de Pierre.
Au cours des dernières décennies, l’Irak a souffert de quarante années de guerres, a-t-il rappelé, «du fléau» du terrorisme et des conflits sectaires souvent fondés sur un fondamentalisme «qui ne peut accepter la coexistence pacifique de différents groupes ethniques et religieux». Tout cela a apporté mort, destructions, ruines encore visibles.
Mais les dommages sont «encore plus profonds» si l’on pense aux «blessures des cœurs» de tant de personnes et de communautés qui auront besoin d’années pour guérir. Le pontife a évoqué en premier lieu le sort des Yézidis, victimes de barbaries insensées et inhumaines, persécutés et tués en raison de leur appartenance religieuse «dont l’identité même et la survie ont été menacées».
Les Yézidis ont en effet été la cible d’attaque de l’État islamique, entrainant l’expulsion, la fuite et l’exil des Yézidis de leurs terres ancestrales du nord du pays, tandis que les femmes et les filles ont été forcées de devenir des esclaves sexuelles. C’est notamment le destin tragique de la prix Nobel de la paix 2016 Nadia Murad.
Le pape a alors exhorté que l’on «donne la parole aux bâtisseurs, aux artisans de paix». «Assez de violences, d’extrémismes, de factions, d’intolérances!», a-t-il déclaré solennellement. «Qu’on laisse de la place à tous les citoyens qui veulent construire ensemble ce pays dans le dialogue». (cath.ch/imedia/hl/bh)
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