«Le centre de l’Église en dialogue avec la périphérie de la prison»: c’est ainsi que se présente la nouvelle collaboration entre le pape François et Don Marco Pozza, aumônier de la prison de Padoue et personnalité très proche de l’actuel pontife. Intitulée Dei vizi e delle virtù (Des vices et des vertus, en Français), cette «conversation», éditée en italien par Rizzoli, doit paraître le 2 mars 2021. L’ouvrage examine la spécificité des sept vices et sept vertus opposées en partant de leur célèbre représentation par le peintre Giotto (1266-1337) dans l’église de l’Arena à Padoue.
Le Corriere della Sera a publié des bonnes feuilles de cette conversation dans lequel le pontife examine la «vulnérabilité existentielle» de tous les hommes aux vices. Selon lui, les chrétiens doivent reconnaître et «prendre au sérieux» leurs vices, car ils ont besoin de cette connaissance «comme d’un guide» pour avancer vers Dieu, insiste-t-il.
Dans un premier extrait, le pape François explique la nature mystérieuse de la «colère de Dieu», qu’il distingue radicalement de celle de Satan. Celle-ci est «dirigée contre le mal» et l’injustice, quand celle-là est «corruption». De plus, l’ire divine est «salvatrice», insiste-t-il, prenant en exemple le récit du Déluge, dans la Genèse.
Le sauvetage de Noé par Dieu est certes un «conte mythique», souligne-t-il, expliquant que cela ne signifie pas pour autant qu’il considère que «la Bible est un mythe». Au contraire, le mythe est «une forme de connaissance» qui éclaire des réalités historiques, assure-t-il.
Un déluge, souligne le pontife, peut par exemple être dû à «une augmentation de la température et à la fonte des glaciers», citant les travaux fait par des historiens du climat. Et il se demande enfin, faisant référence à la situation écologique actuelle: «que va-t-il se passer maintenant si nous continuons sur la même voie?»
La prudence, assure le pontife dans un second morceau choisi, est la «vertu essentielle de ceux qui gouvernent». Cependant, il arrive qu’elle doive être «déséquilibrée» pour «permettre un changement». C’est pourquoi, selon lui, il est nécessaire d’adjoindre une réelle «empathie» à cette vertu, en opposition à la conception aseptisée de celui «qui ne se salit jamais les mains».
«Une foi sans doute ne va pas», explique dans un dernier extrait le chef de l’Église catholique. «La foi est un si grand cadeau que, lorsque nous la recevons, nous ne pouvons pas y croire», affirme-t-il. Pour croire, il faut au contraire avoir la «patience » de surmonter ses doutes.
Pour illustrer son propos, l’évêque de Rome a raconté comment même Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus – pour lequel il entretient une dévotion importante – a douté à la fin de sa vie. «Dans les moments les plus sombres de sa maladie, elle a demandé qu’on lui apporte de l’eau bénite à son chevet, qu’on lui apporte une bougie bénie pour chasser l’ennemi», souligne-t-il. Cette expérience d’abandon par Dieu, «beaucoup de saints» l’ont eue, ajoute-t-il.
Les «crises de la foi» ne sont pas «des échecs» mais «révèlent le besoin et le désir d’entrer de plus en plus dans les profondeurs du mystère de Dieu», affirme le pape François. Au contraire, celui qui ne doute pas «est satisfait» de lui-même, et semble avancer «sans épreuves», mais on peut douter de sa foi, assure-t-il.
L’interlocuteur du pape dans ce livre, Don Marco Pozza, est un prêtre italien de 41 ans en charge depuis 2011 de l’aumônerie de la prison de haute sécurité de Due Palazzi à Padoue. Ce spécialiste de l’écrivain Antoine de Saint-Exupery, formé à l’Université pontificale grégorienne (jésuite) de Rome, est une personnalité très présente dans les médias italiens.
Ces dernières années, ce prêtre a déjà interrogé à trois occasions le pape François pour le compte de la télévision catholique italienne TV2000. Il a aussi signé trois livres, rédigés à partir de ces entretiens, portant respectivement sur les prières du «Notre Père» (2017), du «Je vous salue Marie» (2018) et du «Credo» (2020). (cath.ch/imedia/cd/bh)
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