Par Pascal Maguesyan
Retenons «Église de l’Orient» par opposition à «l’Église d’Occident», «Église d’Assyrie» et «Église de Mésopotamie» par identification de ses membres avec ces grandes civilisations de l’Antiquité, «Église de Perse» sous l’Empire duquel ces Chrétiens orientaux ont structuré leur espace géopolitique et donné tant de martyrs, «Église nestorienne» par consentement avec la christologie du patriarche de Constantinople Nestorius déposé au Concile d’Éphèse en 431.
La dénomination officielle «Église apostolique assyrienne de l’Orient» est plus complète. Fondée et légitimée par l’apôtre Thomas, elle revendique ses sources antiques et souligne son espace missionnaire.
Au XVIe siècle, le schisme qui se produisit au sein de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient donna naissance à l’Église chaldéenne (unie à Rome) et engendra un très grand bouleversement. Les conséquences de ce schisme furent telles que la grande Église de l’Orient des premiers siècles devint «à la fin du Moyen Age, une simple Église-nation» (source Joseph Alichoran), isolée dans les régions frontalières montagneuses des Empires perse (nord-ouest de l’Iran) et ottoman (extrême sud-est de la Turquie et nord de l’Irak).
En avril 1915, lorsque commença le génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéo-Syriaques dans les provinces orientales de l’Empire ottoman, 150’000 Assyriens survivaientregroupés dans les montagnes du Hakkari du vilayet de Van (extrême sud-est de la Turquie) autour de leur siège patriarcal à Kotchanès (établi en 1662).
Ils résistèrent farouchement aux assaillants turcs et kurdes, avant d’être contraints à un exode mortel vers la Perse puis l’Irak.
Le reste du XXe siècle ne fut guère moins chaotique. Dès 1961 et jusqu’en 2003, les guerres civiles successives qui opposèrent les séparatistes kurdes au gouvernement de Bagdad affectèrent douloureusement les communautés chrétiennes assyro-chaldéennes du nord du pays: assassinats, racket, destructions de patrimoine, déplacements contraints de populations, arabisation forcée, gazage, (…).
Aujourd’hui, contre toute attente, dans le Kurdistan d’Irak, les Assyriens bénéficient d’un répit historique grâce à la politique bienveillante du gouvernement régional kurde en faveur d’une réimplantation des communautés chrétiennes autochtones. L’Église de l’Orient peut enfin penser à l’avenir. (cath.ch/pm/bh)
Rédaction
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