Il y a cent ans, l’humanité sortait tout juste de la Grande Guerre et de ses millions de victimes. Elle se remettait à peine de la terrible grippe espagnole, relève dans son éditorial, le frère Francisco Patton, custode de Terre Sainte. La fondation de la revue de Terre Sainte se voulait un signe d’espoir comme le fut au même moment la construction de la basilique de Gethsémani grâce à la contribution des nations encore ennemies la veille.
En cent ans la Terre Sainte a connu des changements et des bouleversements que le visiteur actuel peine à imaginer. L’un des plus imposants est celui de la démographie. En 1921, Jérusalem est une cité de 62’000 habitants: 34’000 juifs, 13’000 musulmans et 15’000 chrétiens. Elle frise aujourd’hui le million et ne compte plus que 10’000 chrétiens.
Les franciscains se font tour à tour prédicateurs, enseignants, chercheurs, historiens, biblistes, artisans du dialogue œcuménique et interreligieux, archéologues, hôteliers, guides touristiques, entrepreneurs, bâtisseurs, dans un milieu que les rivalités, les tensions, les conflits et les guerres n’épargnerons pas.
Tourner les pages de la Revue de Terre Sainte c’est «apprécier la contribution culturelle qu’ont apportée les frères mineurs à l’Eglise et à l’humanité au cours d’un des siècles les plus complexes, les plus rapides et- malheureusement- les plus sombres de l’histoire», relève le Frère Patton. Largement illustrée de photos et de documents d’époque, le numéro spécial ouvre de nombreuses fenêtres sur ce passé.
«Note programme est donc simple et bien déterminé: c’est celui de maintenir et de répandre la connaissance de la Terre Sainte dans son vrai caractère de Terre de Dieu», annonce le premier numéro du 15 janvier 1921. La revue est publiée conjointement dans les trois langues principales des franciscains, le français, l’italien et l’espagnol. La revue s’adresse avant tout aux pèlerins, dont le nombre ira toujours croissant. Pour Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef actuelle, le terme ‘cinquième évangile’ est le fil rouge de cette aventure éditoriale: «il n’y a pas que les Lieux Saints, il y a aussi la vie des hommes. J’ai l’intime conviction que la Terre Sainte a une responsabilité devant le monde et pour lui. Ce que ses peuples vivent aujourd’hui est un signe pour l’humanité.»
Un des projets du centenaire, outre un colloque prévu à Paris en novembre 2021, est la numérisation des 100 ans de la revue, ce qui permettra aux chercheurs du monde entier d’y avoir facilement accès. Une base de données reprenant tous les sommaires est déjà en voie d’élaboration.
La question du financement de la revue et de sa capacité à vivre de manière autonome se pose aussi. Terre Sainte magazine tire aujourd’hui à 5’500 exemplaires pour 3’300 abonnements. Il en faudrait le double pour parvenir à l’équilibre, admet Marie-Armelle Beaulieu. L’affaire est d’autant pus grave que l’Eglise en Terre Sainte connaît un krach financier suite au quasi arrêt des pèlerinages à cause de la pandémie du coronavirus. Si le centenaire devrait permettre de doper les ventes, l’avenir passera aussi certainement par un plus grand va-et-vient entre le papier et le site internet terresainte.net. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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