Son nom et celui du Père Orlando Yorio étaient apparus dans une accusation – qui s’était révélée fausse – sur une supposée complicité de Jorge Mario Bergoglio, l’actuel pape François, avec la junte militaire argentine, alors qu’il était provincial des jésuites d’Argentine.
C’est le journaliste et écrivain argentin Horacio Verbitsky – qui fut durant les années 1970 membre du mouvement armé des Montoneros et qui a ensuite collaboré avec les forces armées argentines dès la fin des années 1970 jusqu’en 1982 – qui avait lancé ces accusations. Il alléguait en particulier qu’en retirant la protection de l’Ordre à deux confrères jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, Jorge Bergoglio avait rendu possible leur enlèvement par des officiers de la marine, le 23 mai 1976. Les deux hommes avaient été torturés en captivité.
Mgr Bergoglio, archevêque de Buenos Aires au moment où l’accusation est sortie, avait immédiatement nié ces allégations. Il est connu aujourd’hui que l’actuel pape s’était fortement impliqué pour tenter d’obtenir la libération de prisonniers.
Horacio Verbitsky avait ressorti ses accusations après l’élection au trône de Pierre de Mgr Bergoglio, le 13 mars 2013. Mais, cette fois, le militant argentin des droits humains et Prix Nobel de la paix Adolfo Perez Esquivel avait pris la défense du nouveau pontife. Le Père Jalics, notamment sur le site internet de l’Ordre jésuite allemand, avait à plusieurs reprises démenti les allégations selon lesquelles Jorge Bergoglio aurait dénoncé ses confrères aux militaires argentins. «Il est faux de prétendre que notre mise en détention a été provoquée par le Père Bergoglio », déclarait le jésuite hongrois.
Les deux jésuites, des religieux politiquement engagés et qui vivaient auprès des pauvres dans un quartier marginalisé, avaient été enlevés par un commando de la sinistre Ecole de mécanique de la Marine (ESMA), qui servait à Buenos Aires de centre clandestin de torture et d’extermination d’opposants politiques.
Le jésuite hongrois, né en 1927 à Budapest, avait à plusieurs reprise innocenté le pape François, alors qu’Horacio Verbitsky continuait d’accuser Mgr Bergoglio d’avoir « lâché » ses confrères alors qu’il était provincial des jésuites en Argentine. Durant ses cinq mois de détention dans le centre de torture de l’ESMA, le Père Jalics, qui vivait depuis 1978 en Allemagne avant de finir sa vie dans une maison de retraite de sa ville natale, a développé une intense vie spirituelle. Sa méthode de prière s’inspire de la pratique des pères du désert et de celle de la prière du cœur. Il était considéré comme l’un des grands priants de notre temps. (cath.ch/be)
Jacques Berset
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