Evangile de dimanche: quelle audace!

Confinement… Quarantaine… Isolement… Des mots soudain très actuels. Et notre vie sociale, relationnelle en est douloureusement bouleversée. Ici et maintenant. Mais nous le savons, nous l’espérons, les malades retrouveront la santé et, la vie sociétale, tôt ou tard, retrouvera ses droits. Et ses joies.

Une telle expérience nous aide peut-être à prendre un peu la mesure du sort réservé aux lépreux au temps de Jésus: exclus de la société, tenus à l’écart de la collectivité. Le portrait brossé par la Loi de Moïse trace ce programme: «Le lépreux, atteint de ce mal, portera ses vêtements déchirés et ses cheveux en désordre. Il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres et il criera: ›Impur! Impur!’ Tant qu’il gardera cette tache, il demeurera à part: sa demeure sera hors du camp» (Lv 13, 45-46).

Dans la Bible en effet, la lèpre n’est pas seulement ce mal horrifiant qui ronge l’homme et le défigure; c’est aussi un mal religieux: la marque du péché. Il est donc étonnant de voir l’audace de cet homme, dont le contact rendait impur, et qui cependant n’hésite pas à s’approcher de Jésus: «Si tu le veux, tu peux me purifier.» L’inouï est qu’avec Jésus, c’est la pureté qui est contagieuse et non la lèpre; c’est le bien qui l’emporte sur le mal et pas le contraire.

Pourquoi ne pas entendre ici une invitation à oser s’engager personnellement dans certains milieux, auprès de certaines personnes, pour témoigner que la lumière peut toujours visiter et vivifier toutes ténèbres?

L’évangile nous dit que Jésus est saisi de compassion, ému aux entrailles. Alors, à son tour, voilà qu’il enfreint la Loi: il ose toucher l’intouchable comme si c’était plus fort que lui. Il ne peut rester insensible à tant de souffrances: ›je le veux, sois purifié.’ Et sa parole est efficace à l’instant même. Comment ne pas nous interroger nous-mêmes: sommes-nous encore sensibles aux situations de détresse? Il suffit souvent de si peu pour signifier notre compassion.

«L’inouï est qu’avec Jésus, c’est la pureté qui est contagieuse et non la lèpre; c’est le bien qui l’emporte sur le mal et pas le contraire.»

Mais Jésus serait-il versatile? Car aussitôt l’homme guéri, Jésus le renvoie avec fermeté, avec rudesse traduiront certains, en lui interdisant de parler. C’est que la guérison des lépreux était un des signes annonçant l’avènement du Messie. Et Jésus ne veut pas qu’on se méprenne sur son identité profonde. Il n’est pas un faiseur de miracles, son but n’est pas de chasser un jour l’occupant romain.

Le Messie sera le Serviteur souffrant, humilié, crucifié. Or, une fois encore, l’homme va désobéir! Malgré l’interdiction de Jésus, il répand la nouvelle. Mais ce n’est pas la Bonne Nouvelle, c’est seulement son histoire à lui.  Alors que Jésus avait répondu à sa supplication, lui ne se met pas à l’écoute de Jésus et ne tient pas compte de sa demande.

Oh! comme il nous arrive de ressembler à ce lépreux ! Nous trouvons toujours les mots pour implorer l’aide de Dieu. Mais vient-il à nous suggérer intérieurement tel geste à poser, telle démarche à entreprendre, nous voilà soudainement bien durs d’oreilles.

Désormais, c’est Jésus qui doit se retirer dans les endroits déserts. Il a pris la place du lépreux comme il prendra la place des pécheurs. Cependant, de partout on venait à Lui…

Sœur Véronique | Vendredi 12 février 2021


Mc 1, 40-45

En ce temps-là,
un lépreux vint auprès de Jésus ;
il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta
et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt
en lui disant :
« Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre,
et donne pour ta purification
ce que Moïse a prescrit dans la Loi :
cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville,
mais restait à l’écart, dans des endroits déserts.
De partout cependant on venait à lui.

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