Rouvert en octobre 2020, le procès Radice-Martinelli porte sur de potentiels abus commis par le Père Martinelli, alors qu’il était lui-même mineur, sur un autre garçon membre du Petit séminaire. Le Père Enrico Radice est quant à lui accusé d’avoir dissimulé les abus. Lors de la précédente audience, ce dernier, ancien recteur de l’institution, avait été entendu par le Tribunal de la Cité du Vatican. Il avait plaidé non coupable pour les faits qui lui étaient reprochés, et avait accusé la défense d’agir pour des «raisons économiques».
Cette fois, c’était au tour du Père Martinelli d’être entendu, en présence de son avocate Claudia Baffoni. Le prêtre s’est défendu pendant plus de deux heures contre toutes les charges portées contre lui par les victimes présumées. À travers lui, a-t-il affirmé, ces dernières «voulaient surtout frapper le Petit séminaire».
Selon le prêtre italien, ces accusations sont «le résultat de divisions au sein de l’équipe éducative qui ont ensuite été répercutées sur les élèves». Les désaccords concernaient le choix du rite de la messe (pré-conciliaire et post-conciliaire) et le projet (non-abouti) d’ouvrir le Petit séminaire à des étudiants universitaires. Le Père Martinelli a affirmé que dans les deux cas, les garçons ont pris parti pour l’un ou l’autre des camps.
«J’ai énervé beaucoup de gens à cause de mon caractère» et «parce que j’essaye de faire toute chose du mieux que je peux», a concédé le prêtre. Pour autant, il a nié avoir eu de réelles responsabilités ou avoir commis un quelconque abus de pouvoir. Toutes ces accusations, décrites comme «infondées», seraient «le résultat d’une jalousie envers lui», a-t-il affirmé.
Comme le Père Radice, le Père Martinelli a assuré que la configuration des dortoirs (partagés par trois enfants), dont les portes étaient transparentes et non verrouillées, rendaient impossible tout acte sexuel. Il a aussi nié avoir commis des abus sexuels dans les «petites toilettes» qui se trouvent sous l’autel de la Chaire, dans la Basilique Saint-Pierre, comme affirmé par la victime présumée. Un acte selon lui impossible à réaliser sans être remarqué.
Au cours de l’audience, plusieurs messages envoyés sur Messenger ou WhatsApp entre la victime présumée et le Père Martinelli ont été lus, remontant à une période où tous deux avaient déjà quitté le Petit séminaire. La victime présumée y accuse le prêtre d’avoir une «perversion sexuelle», de «ne s’intéresser qu’au pénis des gens», de toujours lui faire du mal et de le mettre sous un mauvais jour avec des gens, y compris des supérieurs. Plusieurs lettres envoyées par la victime présumée du Père Martinelli ont été citées, notamment une lettre destinée au pape François.
S’il n’a pas porté plainte contre ceux qui, selon lui, l’ont faussement accusé, c’est «parce que les supérieurs m’ont demandé d’attendre», affirme le prévenu. Ils lui auraient intimé l’ordre de vivre dans l’isolement, de «ne pas répondre aux journalistes», et de ne parler qu’à ses parents et ses supérieurs.
Les prochaines audiences devraient être l’occasion pour le tribunal d’écouter plusieurs témoins clés dans cette affaire, venant du Petit séminaire et du diocèse de Côme (dont dépend la structure) les 24 et 25 février 2021.
La victime présumée devra s’exprimer à son tour les 17 et 18 mars. Le 18 mars, la justice procédera aussi à une inspection des locaux du petit séminaire. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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