«Je viens de larguer les amarres pour une traversée en haute mer»: tel est le sentiment partagé par Nathalie Bécquart lors de cette première prise de parole. Après sa nomination comme sous-secrétaire du Synode des évêques, la Française s’étonne du retentissement qu’elle a provoqué dans le monde entier. Ces derniers jours, elle a reçu des centaines de messages «de joie et d’espérances» de catholiques, mais aussi de nombreux amis musulmans et bouddhistes pour la féliciter. Si cette nomination a eu autant d’écho, c’est parce «qu’elle rejoint le désir de beaucoup de chrétiens» dans l’Église et bien au-delà, analyse la Xavière.
À travers ce choix de mettre une femme dans l’équipe de direction de la secrétairerie du Synode, le pape François inscrit «dans la structure même du Synode cette altérité», qu’elle soit entre hommes et femmes, ou entre clercs et laïcs, s’est réjoui la religieuse. «Ce geste prophétique du pontife indique un changement concret, qui n’est cependant pas isolé», tempère-t-elle, car il s’inscrit dans une continuité.
Il a aussi été «rendu possible car les mentalités ont bougé» dans le sens où la question de la place des femmes dans l’Église «n’est pas uniquement portée par les femmes» mais rejoint aujourd’hui toute l’Église.
«J’espère que cette nomination va aussi contribuer à ouvrir d’autres portes», souhaite la Française convaincue des bienfaits de la mixité dans les processus de décisions. Car l’enjeu – dont a bien conscience le pape, assure-t-elle – est de «sortir d’une Église cléricale» – qui a conduit à de nombreux abus – pour devenir une Église synodale. Et ce sens, la nécessité de faire émerger un leadership au féminin est particulièrement cher à la Xavière.
Déjà sur les chapeaux de roues pour préparer le prochain Synode sur la synodalité, prévu en 2022, Nathalie Bécquart explique découvrir sa mission au fur et à mesure. L’un de ses objectifs sera de trouver des moyens de rendre concret ce processus synodal, si bien décrit par le pape François mais encore à l’état théorique dans l’Église selon elle. Un «rêve d’altérité» l’habite: que tous les évêques puissent être épaulés de laïcs dans leur processus de décision. Elle tient en effet à rappeler que la question de la place des femmes questionne plus largement celle de la place des baptisés dans l’Église.
Première femme à bénéficier du droit de vote durant un synode, la religieuse n’a pas souhaité s’attarder sur ce point, plus symbolique qu’autre chose selon elle: «Le vote, je ne veux pas le minimiser mais si le processus a bien fonctionné c’est une formalité. (…) La synodalité c’est un discernement en commun». Elle a toutefois laissé entendre qu’il pourrait y avoir d’autres «mères synodales» lors des prochains synodes, la question n’étant pas «figée».
Au sein du Synode des évêques, la religieuse rejoint une équipe de 14 personnes composée d’un grand nombre de prêtres et de deux femmes. La Française travaillera main dans la main avec le Père Luis Marín de San Martín, également nommé à ce même poste. C’est la première fois dans l’histoire de cet organe créé par Paul VI en 1965 que deux sous-secrétaires épauleront le secrétaire du Synode. (cath.ch/imedia/cg/bh)
Une religieuse xavière
Sœur Nathalie Becquart ets née en 1969 à Fontainebleau. Elle est une religieuse xavière française. Diplômée d’HEC en 1992, elle effectue une année de volontariat au Liban et travaille ensuite durant deux ans comme consultant en marketing-communication. En 1995, elle entre chez les xavières, une communauté religieuse fondée en 1922 et qui s’inspire de l’œuvre missionnaire de saint François-Xavier.
Après un postulat à Marseille, deux ans de noviciat et trois années de mission à l’équipe nationale des Scouts de France en responsabilité du programme Plein Vent (scoutisme en quartier populaire), elle étudie la théologie et la philosophie au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris) ainsi que la sociologie. Elle poursuit son cursus en théologie en se spécialisant en ecclésiologie, avec une recherche sur la synodalité à la Boston College School of Theology and Ministry. Elle a été responsable durant dix années, de 2008 à 2018, du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations (SNEJV) au sein de la Conférence des évêques de France. BH
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