Le scénariste Jean-Claude Carrière est entré dans «la vallée du néant»

Écrivain, metteur en scène et scénariste français, Jean-Claude Carrière, qui a travaillé notamment aux côtés de Luis Buñuel, Jacques Deray ou Milos Forman, est décédé le 8 février 2021. Il avait 89 ans et ne souffrait d’aucune maladie particulière, a indiqué sa fille aux médias.

Jean-Claude Carrière se disait «radicalement athée». En 2018, il a écrit un dernier essai, intitulé La vallée du néant, sa représentation de la mort. Cette certitude ne l’a pourtant pas empêché d’être passionné par les religions. «Les religions nous disent davantage sur nous-même, que la sociologie ou la psychologie», confiait-il la même année dans l’émission Faut pas croire.

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Passionné de rencontres vraies, il a écrit un livre à quatre mains avec le Dalaï Lama. Pour le dramaturge britannique Peter Brook, il a adapté l’épopée de la mythologie hindoue Mahâbhârata à la scène, en 1985. Il a également traduit de la poésie persane avec son épouse, l’écrivaine iranienne Nahal Tajadod, dont il a eu une fille.

En plus du bouddhisme, de l’hindouisme et de l’islam, il a aussi écrit sur le christianisme, avec son célèbre roman La controverse de Valladolid, sur la conquête du nouveau monde par les Espagnols, décliné en pièce et adaptation télévisée.

Au total, il a signé une soixantaine de scénarios ainsi qu’environ 80 ouvrages (récits, essais, comme ses dictionnaires amoureux de l’Inde et du Mexique, traductions, fictions, entretiens). Il a aussi été acteur, dramaturge et parolier pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot ou Jeanne Moreau.

En 2014, il a reçu un Oscar d’honneur pour son œuvre de scénariste. On le retrouve sur le générique de films majeurs, tel que Le Journal d’une femme de chambre, Belle de jour et Le charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel), Taking Off (Milos Forman), Borsalino (Jacques Deray), Le tambour (Volker Schlondorff, palme d’or à Cannes), Danton (Andrzej Wajda, prix Louis Delluc 1982), L’insoutenable légèreté de l’être (Philip Kaufman), Cyrano de Bergerac (Jean-Paul Rappeneau), et Le retour de Martin Guerre (Daniel Vigne), qui lui vaut le César du meilleur scénario en 1983.

Étudiant brillant et auteur prolifique

Né le 17 septembre 1931, Jean-Claude Carrière suit ses parents viticulteurs qui s’installent près de Paris en 1945 pour ouvrir un café. Étudiant brillant, il devient très vite boursier, saute dans l’ascenseur social qui le propulse à la prestigieuse école normale supérieure, d’où est issue une partie de l’élite intellectuelle française.

 À 26 ans, il signe son premier roman, Le Lézard, fait son service militaire en Algérie, rencontre le réalisateur Jacques Tati et le débutant Pierre Etaix. Avec ce dernier, il reçoit l’Oscar 1962 du meilleur court-métrage de fiction pour Heureux anniversaire.

Bibliophile, passionné par le dessin, l’astrophysique, le vin et le Tai-Chi-Chuan (art martial), Jean-Claude Carrière a présidé pendant dix ans la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son), principale école du cinéma en France. Avec le cinéaste espagnol Luis Buñuel, il va collaborer pendant dix-neuf ans, jusqu’à sa mort. Toujours très actif malgré l’âge, il a encore cosigné en 2020 le scénario du long métrage Le sel des larmes de Philippe Garrel.

L’auteur prolifique est mort «dans son sommeil» à son domicile parisien, a précisé sa fille à l’AFP. Un hommage lui sera rendu prochainement à Paris et il devrait être inhumé dans son village natal, à Colombières-sur-Orb dans l’Hérault. (cath.ch/ag/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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