«Nous avons tout mis en place pour rassurer les pèlerins», lance David Torchala, du service de la communication du sanctuaire de Lourdes. La plupart des pèlerinages sont d’ailleurs inscrits. Vont-ils concrétiser leur engagement? Il concède quelques annulations franches, mais il veut y croire, même s’il reconnaît que ce sera difficile. Il mise surtout sur la deuxième partie de la saison: de Pâques à la fin de l’été.
La situation romande, et tessinoise, reflète bien l’incertitude lourdaise: le pèlerinage de printemps, prévu en mai, a annulé, en septembre dernier, sa venue au sanctuaire. Quant au pèlerinage d’été, la direction s’est donné le temps de la réflexion et prendra une décision au plus tard fin avril. Le diocèse de Lugano maintient son pèlerinage prévu en août, mais les pèlerins iront à Lourdes sans les malades qui doivent être assistés médicalement.
«A l’heure actuelle, nous poursuivons nos réflexions sur le sujet», confie à cath.ch Jean-Pierre Wüthrich, le directeur du pèlerinage de juillet. «En principe, nous souhaitons tous pouvoir maintenir notre pèlerinage, mais nous sommes aussi conscients des incertitudes et des contraintes», ajoute-t-il. Une chose est sûre: les malades nécessitant un encadrement médical ne pourront pas être du voyage. Trop risqué, trop compliqué.
Et sur place, au mois de juillet, autant dire une éternité, les familles, les groupes d’enfants, de jeunes pourront-ils mener leurs activités sans être entravés par les contraintes sanitaires? «Faut-il donc partir sans les malades, avec un pèlerinage restreint? Ou faut-il alors privilégier plutôt des animations en Suisse et des visites aux malades dans des institutions, comme en 2020?», interroge l’abbé Pierre-Yves Maillard, responsable du pôle liturgie du pèlerinage.
Pèlerinage restreint, ou «dégradé» précise David Torchala. C’est-à-dire ces groupes qui se sont pour l’instant annoncés sans les malades mais qui réservent leur décision. Le pèlerinage militaire international qui rassemble habituellement 15’000 personnes se contenterait de 1’000 pèlerins pour son édition 2021.
«Tout est prévu!», assure-t-on à la communication. Le sanctuaire a élaboré une charte sanitaire de 60 pages sur les normes à respecter et qui permettraient aux pèlerins de passer le meilleur séjour possible. Le document est certifié par un organisme agréé.
Accueils, confessionnaux, chapelles, hôtellerie restauration, etc… tout a été détaillé dans le vade-mecum de la désinfection. «A l’accueil Notre-Dame, ce sera une personne par chambre». Des compteurs limiteront à 5’000 le nombre de pèlerins pouvant évoluer dans le sanctuaire marial.
Il ne sera pas possible de passer à la grotte toucher le rocher. Les piscines sont fermées mais les pèlerins qui le souhaitent, pourront aller faire le geste de l’eau. Un desservant les accueillera devant les baignoires et leur versera de l’eau au creux des mains, qu’ils pourront boire et se passer sur le visage.
La procession sera adaptée en fonction du baromètre du virus. Si possible, elle aura lieu avec les distances, de manière normale ou elle empruntera un itinéraire raccourci ou encore sera statique si la courbe des infections y contraint.
Pour ne pas oublier ceux qui sont restés à la maison, il est même prévu de retransmettre en ligne les temps forts des pèlerinages présents à Lourdes.
Le traumatisme de 2020 est encore dans les esprits. 95% des pèlerinages annulés, qui représentaient 800’000 personnes. Tout juste remis d’une cure d’austérité budgétaire qui avait ramené les comptes dans le noir fin 2019, le sanctuaire a subi la crise sanitaire de plein fouet. «Nous avions prévu une perte de 8 millions d’euros pour 2020», indique David Torchala.
Les appels aux dons du recteur du sanctuaire, relayés par les réseaux sociaux, la générosité des pèlerins, le gros travail de communication ont permis de réduire la perte de moitié. «Beaucoup de diocèses nous ont fait don d’une part du budget prévu pour leur pèlerinage». Un gros effort de gestion et le chômage partiel ont aidé. Il faudra tout de même compenser une perte de 4 millions d’euros. Et ce n’est que pour le sanctuaire.
L’activité économique adossée au sanctuaire a été terrassée par le virus. Beaucoup d’hôtels n’ont pas ouvert. La plupart des boutiques ont gardé leur rideau de fer baissé. La ville est sinistrée: 4’000 des 13’000 habitants de la cité mariale sont au chômage. «Un plan national ›Lourdes’ va être mis en place pour aider la ville à se relever». La Région Occitanie va aider la ville avec des mesures comme la promotion touristique et le renouvellement du chômage partiel. «Malgré tout, des commerces ne rouvriront pas».
Le 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes – ce jour commémore la première apparition de la Vierge à Bernadette Soubirou -, marque habituellement la reprise de la saison. Normalement, les Journées de Lourdes, réparties sur trois jours, rassemblent les directeurs des pèlerinages. L’événement sera connecté. Environ 850 personnes se retrouveront en ligne. Cette date marque aussi la Journée mondiale du malade, créée en 1992 par Jean Paul II.
«Le personnel reprend progressivement le travail. Il faut préparer la saison», annonce David Torchala. À Lourdes on veut y croire. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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