A 70 ans, vous donnez votre démission cinq ans avant l’âge de la retraite canonique. Quelles en sont les raisons?
Mgr Denis Theurillat: J’ai été pendant plus de 20 ans évêque auxiliaire de Bâle. C’est une longue période pour un tel poste, dans un grand diocèse, qui couvre 10 cantons. L’année passée, j’ai fêté mon jubilé, et cela a été pour moi l’occasion de me poser la question de comment continuer mon ministère. Je me suis demandé quels étaient mes besoins, alors que les attentes et les sollicitations au sein du diocèse sont toujours plus grandes. J’ai perçu alors plus clairement mes limites de temps et d’énergie pour pouvoir y répondre.
Et puis en septembre 2020, j’ai fait une chute. Cela a été un déclic, un signe qui m’a rendu attentif à la fatigue que j’avais accumulée jusque-là. La décision a donc mûri en moi, et fin 2020, je me suis décidé à demander au pape de me libérer de ma charge, ce qu’il a accepté.
Avez-vous des informations sur votre éventuel successeur?
Non. Mais je suppose que Mgr Felix Gmür, l’évêque de Bâle, est en train de s’en charger.
Quelles sont vos perspectives de retraite?
Je vais laisser davantage d’espace à la prière, l’étude, l’écriture. Je vais ainsi être accueilli au couvent de Baldegg, dans le canton de Lucerne. Je quitterai Soleure l’été prochain pour m’y installer. C’est un endroit qui possède une intense dimension de prière, avec encore 180 religieuses. Le cadre naturel magnifique est aussi propice à la contemplation et au recueillement.
Mais je compte aussi rendre service au couvent et dans les paroisses alentour si nécessaires. On peut dire que j’ai maintenant un avenir bien dessiné, et cela me réjouit.
«Je garde en moi ce feu de l’œcuménisme»
Assumerez-vous encore des engagements quelconques?
Non, je n’assumerai plus de responsabilités en rapport à la Conférence des évêques suisses (CES) ou à la Conférence des ordinaires de la Suisse romande (COR). Je ne dirigerai plus, notamment, le dicastère des pèlerinages de Lourdes. J’accompagnerai, ceci dit, encore volontiers un pèlerinage.
En regardant vos années en tant qu’évêque, de quels moments voudrez-vous principalement vous souvenir?
Ce qu’il y a eu de plus fort, c’est la rencontre avec les fidèles du diocèse. Le contact pastoral m’a beaucoup apporté et a grandement enrichi ma foi.
Je garde aussi des souvenirs très forts de mes 12 ans en tant qu’évêque des jeunes. Notamment de la Journée mondiale de la jeunesse nationale (JMJ) de Berne, en juin 2004. Jean Paul II avait encore pu y venir, quelques mois avant sa mort.
J’ai vécu également d’éclairantes rencontres au sein de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC). C’était très fort de cheminer ensemble avec des croyants d’autres confessions. Je garde en moi ce feu de l’œcuménisme.
Mon travail en tant que président du Conseil des femmes de la CES m’a aussi beaucoup apporté. J’ai vécu avec beaucoup de satisfaction l’évolution du rôle des femmes au sein du diocèse de Bâle. L’Eglise se rend bien compte à présent qu’il était normal que les femmes aient leur place dans la vie ecclésiale, même dans les rôles de direction.
Quelle est votre principale attente pour l’avenir?
Je suis heureux de pouvoir enfin prendre davantage de temps pour être avec le Seigneur. Ce qui a été assez difficile depuis que j’ai occupé mes fonctions épiscopales. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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